Le Dr Joel Fluss est neuropédiatre aux HUG. Il a très vite été séduit par cette discipline en plein développement qu’est la neuropédiatrie.
Pourquoi se diriger vers la neuropédiatrie ? «Peut-être parce qu’un ami de mon père était un pionnier de cette spécialité en Grande-Bretagne… Cet homme m’a beaucoup marqué durant mon enfance, notamment avec ses tours de magie inoubliables», raconte le Dr Joel Fluss, médecin adjoint au sein de l’Unité de neuropédiatre. Plus tard, ce sont ses études de médecine qui l’ont conforté dans son choix de combiner la pédiatrie et la neurologie. Une passion rapidement partagée avec un camarade d’études avec lequel il avait une volée d’écart, le Pr Christian Korff, actuel responsable de l’Unité de neurologie pédiatrique. «Nous sommes très proches depuis trente ans maintenant et partageons, au-delà de notre enthousiasme pour le métier de neuropédiatre, les mêmes passions, comme le tennis et la gastronomie. Il devait être écrit que nous nous retrouverions à travailler ensemble à l’Hôpital des enfants des HUG…», s’amuse le Dr Fluss.
Dr Joel Fluss, médecin adjoint au sein de l’Unité de neuropédiatre des HUG.
Une discipline en mouvement
Passionné par le fonctionnement du cerveau, le médecin genevois s’est donc naturellement tourné vers la neuropédiatrie. Une spécialité exigeante qui, grâce à une prise en charge multidisciplinaire, soigne des maladies très variées affectant le cerveau de l’enfant : troubles des apprentissages, déficience intellectuelle, migraine, épilepsie, accident vasculaire cérébral (AVC), paralysie cérébrale ou encore myopathie.
À l’aide de nouveaux outils diagnostiques, la neuropédiatrie ne cesse d’évoluer. Elle nécessite souvent une spécialisation de la part des équipes soignantes. «Même si j’adore l’éclectisme de ma discipline et que je suis très attaché à cette diversité, j’ai en effet dû faire des choix», confirme le Dr Fluss.
Comprendre l’AVC de l’enfant
Ainsi, après une formation en pédiatrie générale à Genève, le jeune médecin part deux ans au Canada, à Toronto, pour se perfectionner dans le domaine des maladies cérébrovasculaires pédiatriques, alors peu explorées. Pour rappel, plusieurs enfants sont chaque année pris en charge aux HUG suite à un AVC. Ces événements représentent à chaque fois un choc et bien souvent une incompréhension, tant ce phénomène reste méconnu chez l’enfant. «Pour moi, il est essentiel de comprendre les mécanismes en jeu, mais aussi et surtout de se focaliser sur les répercussions pour l’enfant», insiste le médecin.
Fasciné par le langage depuis toujours – «peut-être parce que j’ai parlé très tard, mais que je suis devenu un grand bavard», confie le Dr Fluss –, il se consacre ensuite aux troubles des apprentissages, scolaires notamment. «J’ai eu envie de mettre mon énergie dans un domaine général ayant un impact significatif sur le quotidien des enfants», explique celui qui part alors travailler durant deux ans à l’hôpital parisien Kremlin-Bicêtre. Il y mène une étude d’envergure sur les difficultés à lire chez des élèves de 7-8 ans. Il s’intéresse à l’impact de l’environnement socio-économique sur la dyslexie, mais également aux autres facteurs susceptibles d’être impliqués, qu’il tente de mieux comprendre grâce à l’imagerie cérébrale.
Entre scolarité et handicap
À son retour en Suisse, le Dr Fluss se consacre au développement des consultations de neuropédiatrie aux HUG et explore le handicap dans ses multiples facettes, de ses origines à ses conséquences. Il organise une consultation pluridisciplinaire neuromusculaire et de neurologie fœtale, disciplines émergentes et complexes. «J’essaie toujours d’avoir une vision intégrative. Nous devons traiter ces maladies, mais aussi mener une réflexion globale autour du vécu de l’enfant, dans sa vie familiale comme scolaire, et réfléchir au soutien que nous pouvons apporter. L’enfant, l’élève et le ou la patiente ne font qu’un ou qu’une», conclut-il.
- 1970 Naissance à Genève.
- 2000 Spécialisation en pédiatrie.
- 2006-2007 Fellowship en neurologie pédiatrique à l’Hospital for Sick Children de Toronto, Canada.
- 2007-2008 Séjour de recherche sur les troubles des apprentissages scolaires à l’Hôpital Kremlin-Bicêtre de Paris, France.
- 2018 Participation à la création du Registre suisse de la paralysie cérébrale.
Texte:
- Clémence Lamirand
Photos:
- Fred Merz | lundi13