Lorsque la musculature du périnée est endommagée, des gaz ou des selles peuvent s’échapper sans que la personne ne parvienne à les retenir. Des solutions existent pour y remédier et il ne faut pas hésiter à en parler au corps médical.
Un gaz qui s’échappe involontairement, des selles qui souillent les sous-vêtements sans possibilité de les retenir sont des exemples d’incontinence fécale ou anale. Moins connue que celle urinaire, elle est souvent difficile à évoquer avec son ou sa médecin. « Malheureusement, les personnes les plus concernées sont tellement embarrassées par ces pertes de selles ou de gaz qu’elles ne sortent plus de chez elles. L’incontinence fécale impacte alors gravement leur vie sociale. Il ne faut pas hésiter à consulter, car c’est remédiable », souligne le Pr Frédéric Ris, médecin adjoint au Service de chirurgie viscérale.
Lorsque le hamac se détend
Plusieurs causes expliquent ce phénomène. La première est liée au relâchement des muscles du périnée. « Les femmes sont davantage touchées, surtout celles qui ont eu des enfants. Ce n’est pas tant le nombre de grossesses qui est significatif, mais plutôt la façon dont l’accouchement par voie basse s’est passé. Un nouveau-né très gros ou l’utilisation de ventouses ou forceps sont susceptibles de créer des dommages de la musculature du périnée. Celle-ci ressemble à un hamac dont les cordes sont détendues. Avec le temps, elles laissent passer de plus en plus de matière », poursuit le spécialiste.
Les rapports sexuels par voie anale peuvent aussi être responsables d’un relâchement de la tonicité des sphincters ou créer des blessures. Autre cause possible : des lésions neurologiques. La présence de selles dans le rectum n’est alors pas communiquée au cerveau et la matière échappe au contrôle de la personne concernée.
Rééducation du périnée
À noter que ce type d’incontinence peut prendre des formes diverses. Parfois, cela ne concerne que des gaz. Cela peut aussi sortir sous forme de selles liquides et, dans les cas les plus avancés, de matière fécale solide. « Dans un premier temps, des séances de physiothérapie sont prescrites. Elles permettent de remuscler le périnée », explique le Pr Ris.
La technique dite de biofeedback, parfois proposée aux femmes après l’accouchement, est aussi régulièrement utilisée. Il s’agit de placer une sonde dans le rectum et de contracter la musculature, générant un tracé visible sur un écran. Cet exercice améliore l’efficacité des contractions et du contrôle de la défécation. Une alimentation riche en fibres et la prise de médicaments améliorant la consistance des selles sont aussi proposées afin de limiter la fuite anale. « Lorsque cela ne suffit pas, il peut s’avérer nécessaire de recourir à la chirurgie », conclut l’expert.
Meilleure qualité de vie grâce à la chirurgie
Plusieurs techniques chirurgicales permettent d’en finir avec l’incontinence anale. Parmi elles, la réparation du muscle puborectal (qui fait partie du muscle élévateur de l’anus) lorsqu’il a été arraché par un traumatisme. « Cette intervention dure environ 90 minutes et implique une hospitalisation de deux à trois jours. Une autre approche consiste à pratiquer un lifting du rectum en cas de descente d’organe. Le rectum est alors suspendu chirurgicalement par un filet reliant le périnée au sacrum. Comme cela se fait par laparoscopie, ce n’est pas très invasif. Il faut également compter environ trois jours d’hospitalisation », explique le Pr Frédéric Ris, médecin adjoint au Service de chirurgie viscérale. En cas de dommages au niveau des sphincters, une réparation chirurgicale de cette zone peut être effectuée. Pour toutes ces techniques, les effets secondaires se manifestent par des douleurs au niveau de la zone opérée nécessitant la prise d’analgésiques pendant quelques jours.
Enfin, lorsque les lésions neurologiques sont la cause de l’incontinence, un pacemaker peut être implanté avec une électrode placée dans le sacrum afin de réguler le transit et la défécation. La contraction des sphincters est alors améliorée par ce dispositif.
Quelle que soit la technique utilisée, après une à deux semaines d’arrêt de travail et une période où il faut éviter de porter de lourdes charges, la personne peut reprendre une vie normale et surtout sociale. « Les patients et patientes peuvent aussi retrouver une sexualité tout à fait normale et parfois même améliorée lorsque la tonicité du périnée est rétablie », conclut le Pr Ris.
Texte:
- Yseult Théraulaz
Photos:
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