Atteint de psoriasis*, Thierry Schaub a lutté deux ans avant d’obtenir un traitement qui lui convienne. Sa vie a pris un nouveau départ.
Tout a débuté avec des pellicules. Mais lorsqu’une plaque s’est formée sur son cuir chevelu, Thierry Schaub, pharmacien de profession, s’est décidé à consulter. Diagnostic: psoriasis. « J’avais 43 ans, ce qui est plutôt âgé pour une première fois, raconte Thierry Schaub, qui a aujourd’hui 45 ans. En principe, le psoriasis apparaît entre 10 et 30 ans. » Dès le départ, le Genevois représente donc un cas particulier. Cette situation n’a pas changé par la suite. « Alors que la plupart des personnes atteintes vivent des périodes d’éruption suivies d’accalmies, mon psoriasis était permanent. » C’est souvent l’été, grâce à l’exposition au soleil, que les malades vivent un répit. Mais comme Thierry Schaub est allergique au soleil depuis son enfance, son psoriasis ne s’améliore pas avec les beaux jours.
Des symptômes qui empirent malgré les traitements
Après le cuir chevelu, la maladie s’étend aux avant-bras, sous forme de « gouttes », une multitude de lésions de petite taille. Le traitement consiste en des onguents à base de cortisone. Mais au lieu de diminuer, les symptômes empirent. « Les démangeaisons, très vives le soir, sont devenues obsédantes. Plus on se gratte, plus on abîme sa peau et plus on est tendu. C’est un cercle vicieux. » Son médecin décide de passer à la vitesse supérieure, avec un traitement aux UV. Le psoriasis s’étant étendu à tout le corps, il passe ensuite au Méthotrexate, également utilisé dans le traitement de cancers. « Les effets secondaires ont été pénibles, témoigne Thierry Schaub. Nausée, diarrhée, vertige, fatigue… Impossible de continuer. »
Le pharmacien vit alors une étape difficile. Il est souvent en arrêt de travail et a besoin d’un soutien psychologique. « Entre les démangeaisons et les atteintes à l’apparence physique, cette maladie est très difficile à gérer. » Sa profession l’expose parfois à des remarques désobligeantes de clients, qui lui demandent si c’est contagieux. En désespoir de cause, il essaie d’autres traitements, comme l’acupuncture ou un changement de régime alimentaire. Il lit beaucoup sur le sujet et découvre le rôle de l’intestin. « J’ai souffert d’allergies alimentaires dans mon enfance et mon intuition me disait que là devait se trouver la clé. L’intestin grêle n’est séparé du sang que par une seule couche de cellules. Lorsque celle-ci ne fonctionne pas bien, des substances passent directement dans le sang, ce qui provoque une réaction du système immunitaire. » Avant d’être une maladie de la peau, le psoriasis est en effet une maladie auto-immune. Si la recherche sur le lien entre psoriasis et intestin grêle en est encore à ses balbutiements, Thierry Schaub s’entête. Récemment, son gastroentérologue lui a diagnostiqué la maladie de Crohn, une inflammation de l’intestin qui pourrait avoir un lien avec son psoriasis.
Nouvel espoir
« C’est positif car j’ai une piste d’explication, confie Thierry Schaub. Mais je devrais peut-être compter avec une autre maladie auto-immune. » L’autre bonne nouvelle, c’est que l’automne dernier, il a débuté un nouveau traitement, appelé « biologique », et que ses symptômes ont diminué. « C’est formidable. J’ai l’impression d’entamer une autre vie, sans démangeaisons. » Ce médicament fonctionne avec des anticorps capables de bloquer un facteur immunitaire. « Le problème, c’est que ce traitement est cher et n’est pas proposé à tous les patients, indique Thierry Schaub. J’ai dû moi-même essayer d’autres alternatives avant d’y avoir droit. Mais il m’a redonné espoir et j’espère qu’il pourra aider d’autres personnes. »
* Psoriasis : maladie inflammatoire de la peau qui se caractérise par des plaques rouges, recouvertes d’une épaisse couche de peau qui desquame, apparaissant à différents endroits du corps. Cette dermatose n’est pas contagieuse. Elle évolue généralement par cycles, avec des poussées entrecoupées de périodes de rémission. Ses causes sont multiples: génétiques, infectieuses, psychiques, etc.
3 - 5%
Le pourcentage de la population européenne concerné par le psoriasis.
Texte:
- Geneviève Ruiz
Photos:
- Nicolas Schopfer