Cofondatrice de la consultation transculturelle, médecin généraliste interniste, numéro deux du Service de médecine de premier recours, la Dre Melissa Dominicé Dao déploie une passion sans bornes pour la médecine, la rencontre avec l’autre et le défi de la différence.
Deux continents, deux nationalités, deux langues… aussi loin qu’elle s’en souvienne, la Dre Melissa Dominicé Dao a toujours connu cette dualité entre deux cultures, source d’autant de richesses que d’inconfort. Née d’une mère américaine et d’un père suisse, celle qui est aujourd’hui responsable de la consultation transculturelle des HUG a connu la singularité de grandir entre des mondes que parfois tout oppose.
Est-ce un hasard si, alors interne en médecine interne à la Clinique de médecine II (devenue le Service de médecine interne générale), elle rêve d’insuffler une dimension transculturelle aux consultations? Sans doute pas. Mais le défi est de taille. Nous sommes en 1999. Son questionnement face aux représentations de santé des patients africains ou des personnes fuyant la guerre dans les Balkans n’obtient pas de réponse au sein de l’institution. Alors, la jeune médecin cherche une piste et la trouve en s’envolant pour une formation de trois ans en psychiatrie transculturelle et sociale à l’Université McGill de Montréal.
Consultation transculturelle
Crochet de six mois par Hanoï, où son mari, suisso-vietnamien, souhaite finaliser sa thèse d’architecture. Puis retour au Service de médecine de premier recours (SMPR) où un poste de cheffe de clinique à 50% l’attend. L’objectif initial est plus présent que jamais. Finalisation du concept avec l’anthropologue médicale Patricia Hudelson et recherche de fonds pour autofinancer le lancement du projet: la consultation transculturelle naît en 2007.
Soutenue, entre autres, par la stratégie «Migration et Santé» de la Confédération qui vise à assurer l’égalité des chances pour tous, la consultation devient une ressource incontournable pour les soignants. Sa vocation? Intervenir pour démêler les situations de soin rendues délicates par la barrière de la langue ou de la culture. Recours à des interprètes, outils de communication, la recette de la consultation transculturelle fait ses preuves, jusqu’à devenir l’objet d’un nouveau challenge. «J’avoue que j’adore les projets, sourit la Dre Dominicé Dao. Dès qu’une forme de routine s’installe, je me lance un nouveau défi.» En 2016, elle met ainsi sur pied, en collaboration avec le Pr Patrick Bodenmann, le Certificat de formation continue (CAS) «Santé et diversités» aux Universités de Genève et Lausanne pour partager son savoir. Joli clin d’œil à son père, directeur académique de la formation continue à l’Université de Genève dans les années 1990.
Privat-docent
Aujourd’hui, rythme effréné toujours. Médecine interne, consultation transculturelle, gestion du CAS, tâches de cadre en étant devenue suppléante du chef de service (le Pr Idris Guessous) au SMPR, formation des étudiants en médecine ou encore recherche, la Dre Dominicé Dao prépare même cette année son privat-docent.
Son secret? Une organisation sans faille, mais pas seulement. «J’adore ce que je fais et je maintiens une activité de médecin généraliste. Cela reste mon identité première et la source de tous mes projets, confie-t-elle. Mais j’ai aussi la chance d’avoir un mari qui assume un vrai 50% des tâches de la maison, trois enfants qui sont notre priorité et nous font en même temps l’immense cadeau d’aller bien. Et puis quelques soupapes, comme le yoga et un appartement à la montagne où nous nous échappons tous les cinq aussi souvent que possible.»
Texte:
- Laetitia Grimaldi
Photos:
- François Wavre - lundi 13
Savoir +
- 1970 Naissance à Genève
- 1996 Diplôme de médecin
- 2005 FMH en médecine interne
- 2007 Masters en psychiatrie transculturelle et sociale (Canada)
- 2007 Ouverture de la consultation transculturelle des HUG
- Depuis 2012 Médecin adjointe au SMPR
- Depuis 2018 Suppléante du chef de service au SMPR