Le Dr Christophe Graf, volontaire et persuasif, est le nouveau chef du Département de réadaptation et gériatrie. Il est prêt à relever les nombreux défis qui l’attendent.
Le sourire de Christophe Graf est éclatant. Il irradie son visage et exprime son enthousiasme et son bel appétit de la vie. «J’aime les gens et le contact avec eux», dit-il simplement. Un trait de caractère qui se retrouve dans l’exercice de son métier. «Il apprécie les personnes âgées et essaie de les valoriser. Il a un intérêt et du respect pour leurs histoires de vie», relève une collègue. «Sous son allure affable et décontractée, il est extrêmement engagé, sérieux et prend les choses très à cœur», complète un autre. A 43 ans, au terme d’un parcours atypique, il est à la tête du nouveau Département de réadaptation et gériatrie.
Écouter et apprendre
Son diplôme de médecine achevé, il postule en neurologie. «J’étais attiré par le côté structuré, pointilleux de la branche, mais au fond, ce n’est pas ma façon d’être.» Il passe une année à la SUVA (clinique romande de réadaptation), à Sion, avant d’arriver en gériatrie à l’Hôpital des Trois-Chêne. «Là, j’ai pris mon pied. J’ai pris conscience que je voulais être gériatre. Les personnes âgées sont exceptionnelles de par leur vécu et on se sent vraiment utile.» Des patients différents? «Côté humain, à 80-85 ans, ces personnes ont une telle expérience, qu’il faut les écouter et en profiter, car on apprend beaucoup d’elles. Elles ont une sagesse impressionnante et pas d’attentes démesurées. D’un point de vue médical, lorsque vous prescrivez un médicament, il faut bien s’assurer qu’il n’y a pas d’effets secondaires avec ceux déjà pris: ne pas faire du mal avant de faire du bien», répond-il.
Son FMH de médecine interne en poche, il se spécialise en gériatrie, avec notamment une année en psychogériatrie. «J’ai beaucoup appris sur moi durant cette période et sur ce que l’on ressent face au patient durant un entretien», se souvient-il. Le jeune chef de clinique a pourtant l’impression de tomber dans la routine. Il se lance un défi et part dans le privé comme directeur médical d’une résidence pour personnes âgées comprenant des appartements protégés et des lits EMS. Objectif: monter une structure médicale qui fasse du sens pour les résidents. Au terme d’un chemin parsemé d’embûches –«j’ai appris à gérer des conflits de toute sorte»–, il y parvient. Car l’homme, aux origines valaisannes et italiennes, est tenace. Et sa pratique régulière du VTT a aussi forgé son endurance. «Je suis obstiné et je vais jusqu’au bout de mes idées pour mettre en place ce que je me suis fixé. Par contre, je suis davantage entrepreneur que manager et quand ça ronronne… je m’embête», constate-t-il. Retour donc aux HUG, quatre ans plus tard, pour relever un nouveau challenge.
Filières spécialisées
En juin 2016, il est nommé médecin-chef du Service de réadaptation médicale. Cela tombe bien: Christophe Graf a un leadership naturel. Ses collègues le suivent, car il fait confiance aux autres et aime le travail en équipe multidisciplinaire. Il s’investit à fond dans ce service pour lequel il a une vision. «Beaucoup de personnes âgées ont des problèmes de perte d’autonomie. Cette population doit bénéficier de soins spécialisés pour retrouver le maximum de fonctionnalité possible. D’ailleurs, 60% des patients rentrent à domicile. N’oublions pas que vivre à la maison est leur principale demande», détaille-t-il. Sa méthode: standardiser les prises en charge, se fixer des objectifs thérapeutiques et mesurer les progrès accomplis.
Depuis janvier, il a gravi un dernier échelon. Mais plus qu’être ambitieux, Christophe Graf a aujourd’hui surtout de l’ambition pour le département qu’il dirige. Et plusieurs défis restent à relever, notamment celui d’harmoniser les pratiques tout en développant des pôles de compétences par filières spécialisées: réadaptation générale, neuroréadaptation, réadaptation musculo-squelettique. «Pour que les patients aient des choix clairs, des soins de qualité et qu’ils puissent vivre le mieux possible. Le partenariat avec les proches est aussi essentiel pour répondre à leurs besoins», insiste-t-il.
Un programme chargé, dans lequel sa femme et ses deux enfants, essentiels à son équilibre personnel, gardent une place centrale. Sans oublier la montagne et le deux-roues. «Balade, vélo, ski, peau de phoque: je me ressource dans les grands espaces», confie-t-il en souriant.
Texte:
- Giuseppe Costa
Photos:
- David Wagnières
Biographie
1975 Naissance à Genève.
2001 Diplôme fédéral de médecine à la Faculté de médecine de Genève.
2007 FMH en médecine interne générale.
2009 Formation approfondie en gériatrie.
2012 Directeur médical au Domaine de La Gracieuse.
2016 Médecin-chef du Service de réadaptation médicale.
2017 Privat Docent, UNIGE.
2019 Chef du Département de réadaptation et gériatrie.