Rénové en septembre 2019, le Laboratoire de physiologie respiratoire des HUG couvre tout le spectre des examens du fonctionnement des poumons. Douze machines de dernière génération et de haute précision confirment un diagnostic ou permettent le suivi d’une maladie pulmonaire.
«Prenez place sur le vélo : la préparation prend un peu de temps. Je vous place quelques électrodes autocollantes sur le thorax et dans le dos et les relie à un boîtier pour surveiller l’activité électrique de votre cœur. Je vous mets aussi un tensiomètre au bras et un oxymètre au poignet pour mesurer la saturation artérielle d’oxygène. Et voici un masque avec un embout buccal dans lequel vous allez respirer : c’est pour mesurer l’activité de vos poumons. La hauteur de la selle vous convient-elle? On va bientôt commencer le test.»
Eva Alves Dias, technicienne en physiologie respiratoire, a terminé l’installation. À ses côtés, la Dre Chloé Cantero, médecin interne au Laboratoire de physiologie respiratoire, complète les informations. «On va vous piquer au bout de l’oreille au début et au maximum de l’effort. Il s’agit de prendre quelques gouttes de sang. Cette gazométrie capillaire donne des mesures de base au repos et permet de voir si, au pic de l’effort, vous produisez de l’acide lactique (ndlr : substance produite lorsque l’oxygène vient à manquer). On vous demandera à plusieurs reprises de nous indiquer, sur une échelle de 0 à 10, comment vous jugez votre difficulté à respirer et votre fatigue au niveau des jambes», explique-t-elle.
Encouragements continus
C’est parti. Maria, 64 ans, commence son test d’effort sur cycloergomètre, communément appelé vélo d’appartement. Pendant qu’elle pédale à différents niveaux de résistance, les paramètres du système respiratoire et le comportement du cœur sont enregistrés. «Gardez ce rythme, c’est l’échauffement pendant cinq minutes.» Les deux professionnelles la motivent, tout en ayant à l’œil les courbes d’échanges gazeux sur l’écran de contrôle : «C’est très bien, continuez. Dans cinq secondes, la difficulté augmente… C’est normal que ça commence à être dur, mais vous pouvez encore un peu.» À bout, elle arrête.
Visiblement fatiguée, elle s’assied et accepte bien volontiers un verre d’eau. «C’était difficile !», s’exclame Maria, satisfaite d’elle-même. «J’ai de gros problèmes respiratoires: je tousse beaucoup et peine à respirer depuis plusieurs années malgré mon traitement.» La Dre Cantero confirme: «Cette dame souffre d’un asthme sévère. Cet examen nous dira si un problème au cœur, une hypertension pulmonaire ou une mauvaise condition physique expliquent ses difficultés à respirer malgré son traitement.»
Haute précision
Comme de nombreux autres patients, son médecin traitant l’a adressée au Laboratoire de physiologie respiratoire, placé sous la responsabilité du Dr Frédéric Lador, médecin adjoint au Service de pneumologie. Ce dernier souligne la bonne collaboration avec les médecins installés en ville qui pratiquent par exemple régulièrement des spirométries: «Si le résultat de ce test est strictement normal, il permet d’exclure un trouble ventilatoire obstructif ou une anomalie. Par contre, au moindre doute, il faudrait le refaire ici, au Laboratoire de physiologie respiratoire, qui est une vraie plus-value en cas de problèmes.»
Situé au 7e étage du bâtiment Jean-Louis Prévost, il a été rénové et agrandi en septembre 2019. Moderne et confortable, c’est aujourd’hui le plus grand de Suisse romande. Réparties dans cinq salles d’examens – dont deux pour les tests d’effort avec douche privative –, les douze machines de dernière génération et de haute précision couvrent tout le spectre des problèmes respiratoires. «La physiologie respiratoire consiste à explorer les mécanismes impliqués dans le fonctionnement du poumon. Grâce aux paramètres respiratoires, circulatoires, métaboliques et musculaires, l’objectif est de comprendre pourquoi un patient est essoufflé, s’il y a une altération de la mécanique respiratoire ou quelles sont les raisons de la diminution de la capacité fonctionnelle», relève le Dr Lador.
De l’insuffisance respiratoire à l’asthme, en passant par la bronchopneumopathie chronique obstructive, l’emphysème, la fibrose pulmonaire, les maladies vasculaires pulmonaires ou certaines maladies neuromusculaires, toutes les atteintes du poumon sont examinées de près. Spirométrie, pléthysmographie pulmonaire dans une cabine fermée ou encore mesure du monoxyde d’azote exhalé sont parmi les tests disponibles. «Nous avons un rôle de diagnostic pour confirmer une pathologie ou en affiner la sévérité, ainsi que de suivi d'une maladie respiratoire ou après une transplantation pulmonaire», résume le responsable du laboratoire.
Accueil et confort
Justement, Anne-Hélène, 72 ans, souffre depuis six ans d’un emphysème pulmonaire. Tous les six mois, elle passe une spirométrie pour déterminer l’évolution de la maladie. Bien installée dans un fauteuil grenat, portant un pince-nez pour ne respirer que par la bouche, elle est prête. Joao Neto Silva, technicien en physiologie respiratoire, la guide : «Mettez la langue sous l’embout. Remplissez vos poumons. Soufflez, soufflez, soufflez. On va refaire mais, cette fois, après avoir soufflé et vidé vos poumons, vous allez à nouveau inspirer et les remplir.» Habituée des lieux, Anne-Hélène apprécie le nouveau décor : «C’est plus grand et encore plus confortable qu’avant. L’accueil est parfait et le personnel aux petits soins.» Quinze minutes plus tard, elle repart. Son médecin lui communiquera les résultats. «Je vais continuer ma gymnastique respiratoire deux fois par semaine. Elle me fait beaucoup de bien», dit-elle.
Test pour sportifs d’élite
Validé par le Comité international olympique, un test spécifique, dit d’hyperventilation volontaire eucapnique, est effectué par les sportifs d’élite. «Il s’agit de détecter un asthme lié à l’effort. En cas de résultat positif au test, l’athlète de haut niveau peut prendre un bronchodilatateur durant une compétition à des fins thérapeutiques sans qu’il soit accusé de dopage», précise le Dr Lador.
Au total, chaque année, quelque 5’000 patients sont vus et 10’000 tests réalisés, dont 85 % en ambulatoire. «Un anesthésiste peut nous adresser un patient pour s’assurer de son éligibilité avant une opération», note le médecin. Le laboratoire participe également à la recherche clinique et à la formation. «Tous les internes y passent six mois et repartent avec une acuité diagnostique augmentée… qui leur sera très utile lorsqu’ils seront chefs de clinique ou installés. Nous formons ainsi de meilleurs pneumologues», conclut le responsable.
Les mesures en position couchée permettent de mieux évaluer la capacité fonctionnelle des muscles respiratoires.
Le pléthysmographe est une cabine fermée qui permet notamment de mesurer le volume d’air contenu dans les poumons.
Texte:
- Giuseppe Costa
Photos:
- Fred Merz | lundi13