Face à la hausse de la demande, le Service de médecine interne et réadaptation de l’Hôpital de Bellerive aménage un espace de thérapies flambant neuf et des équipements plus adaptés.
En lien avec le vieillissement, le stress, la sédentarité, l’obésité, l’hypertension artérielle, les maladies cardiovasculaires ne cessent de progresser. Et avec elles, les accidents vasculaires cérébraux (AVC). Première cause de handicap dans les pays occidentaux, les AVC devraient augmenter encore de 30% d’ici 2035.
À l’Hôpital de Bellerive, l’Unité spécialisée en neuroréadaptation est passée de 17 à 27 lits en trois ans. «La grande majorité des quelque 250 patients par an hospitalisés ici le sont à la suite d’un AVC», constate le Dr Christian Thomas, médecin adjoint du Service de médecine interne et réadaptation de l’Hôpital de Bellerive. Pour lui, la nouvelle salle de thérapies pluridisciplinaires, financée par la Fondation privée des HUG, constitue une réponse idéale à une demande croissante et offre plusieurs avantages.
Aménagée au 3e étage, elle est située à quelques pas des chambres. Un atout non négligeable pour des personnes de 80 ans en moyenne, à mobilité réduite, qui s’y rendent plusieurs fois par jour pendant environ cinq semaines. Autre gain, sa dimension. Médecins, infirmières, physiothérapeutes, ergothérapeutes, logopédistes, neuropsychologues, psychologues, voire diététiciens et assistantss sociaux peuvent y organiser plus facilement des séances de réadaptation pluridisciplinaires.
Cette salle comprend, par exemple, un box clos équipé d’un poste informatique où logopédistes et neuropsychologues exercent dans le calme les fonctions cognitives et langagières des patients. «Des synergies essentielles… La réadaptation ne vise pas forcément à supprimer le handicap mais à faire avec. Or la collaboration étroite entre spécialistes permet souvent de trouver des stratégies ad hoc pour rendre les patients plus autonomes», souligne le Dr Thomas, qui enchaîne avec une visite guidée.
Exosquelette robotisé
De prime abord, le nouvel espace ressemble à un beau fitness. À travers la baie vitrée, des champs de colza jaune vif éclatent comme un soleil. Le second regard détrompe. Une salle de sport classique ne comprend pas d’exosquelette robotisé pour la rééducation des bras. Ni de harnais suspendu à un rail fixé au plafond pour l’aide à la marche. Et encore moins un jeu Puissance 4 de la taille d’un espalier. «Tous ces outils ont été analysés. Le Puissance 4, par exemple, combine rééducation physique et neuropsychologique. Les physiothérapeutes et ergothérapeutes analysent la dextérité et les mouvements nécessaires pour manipuler les pions. Les neuropsychologues mesurent les capacités cognitives. Avant l’ouverture de cette salle, dont l’inauguration officielle est prévue cet été, plus de la moitié des patients regagnaient leur domicile après leur hospitalisation. C’était déjà excellent. Nous espérons maintenant améliorer ce taux», conclut le Dr Christian Thomas.
Gérald Goy, 96 ans: «Je sors seul de mon lit»
«La salle est splendide!», s’exclame tout de go Gérald Goy, 96 ans. Hospitalisé après une mauvaise chute, il avait perdu beaucoup de force et de masse musculaire. «Après deux semaines de réadaptation, j’ai fait des gros progrès. Je sors seul de mon lit!» Plus encore que les équipements, ce sont les méthodes qui l’ont impressionné. «J’ai dû faire un exercice surprenant: tomber et me relever. Chuter volontairement, même sur un épais tapis de mousse, n’a pas été facile. Me mettre debout seul, impossible. J’ai cru rester par terre toute la journée. Les soignants ont eu pitié. Ils m’ont remis sur pied! Blague à part, ils nous font prendre conscience des dangers. J’ai appris, moi, à ne plus tomber», se félicite le nonagénaire.
Mohand Salah Rezzouk, 83 ans: «De bonnes sensations»
«Quand je suis arrivé à l’Hôpital de Bellerive, il y a trois semaines, j’étais incapable de parler et je marchais avec difficulté.» Le débit fluide et l’articulation parfaite de Mohand Salah Rezzouk, 83 ans, témoignent de ses récents progrès. Opéré d’un hématome cérébral, cet ancien sportif, grand amateur de football, loue la proximité de la salle avec les chambres. «C’est très important d’avoir facilement accès à ces installations pour s’exercer tous les jours.» Il apprécie aussi la qualité des équipements. «J’ai perdu de la force dans les jambes. Ma main droite est encore un peu faible. Mais les appareils qui travaillent l’ensemble du corps sont ceux qui me font le plus de bien. Au fil des séances, j’ai recouvré de bonnes sensations. J’espère rentrer très bientôt à la maison», conclut-il.
La rééducation des fonctions cognitives peut être réalisée, au calme, dans un box fermé.
Le Dr Christian Thomas est médecin adjoint au Service de médecine interne et réadaptation de l’Hôpital de Bellerive
Texte:
- André Koller
Photos:
- Nicolas Righetti | lundi13