Le suicide est la première cause de mortalité chez les jeunes en Suisse. Sachant qu’un tentamen est un facteur de risque de suicide, un nouveau dispositif clinique destiné à ce jeune public met en place des objectifs spécifiques pour réduire le risque de récidive.
AdoASSIP (Attempted Suicide Short Intervention Program) est un traitement complémentaire destiné aux adolescents et adolescentes ayant fait une tentative de suicide. À Genève, les psychiatres et psychologues de MALATAVIE unité de crise, un dispositif créé par les HUG en partenariat avec la fondation Children Action pour accompagner les jeunes à risque suicidaire, assurent ce protocole.
L’objectif d’AdoASSIP est de développer un plan de sécurité au cas où une nouvelle crise suicidaire surgirait. « Cette intervention courte agit sur le comportement suicidaire, mais a moins d’impact sur l’idéalisation du suicide qu’une psychothérapie au long cours. D’où l’importance de mettre en place en parallèle un suivi psychiatrique-psychothérapeutique à plus long terme », explique la Dre Anne Edan, responsable de MALATAVIE unité de crise et médecin adjointe au Service de psychiatrie de l’enfant et l’adolescent des HUG.
Déroulement d’AdoASSIP
La première prise en charge d’une tentative de suicide se fait aux urgences de l’hôpital. Néanmoins, les médecins de premier recours, les psychothérapeutes et les psychologues de ville ont pleinement leur rôle à jouer dans la thérapie, conjointement avec les thérapeutes AdoASSIP, notamment dans l’adressage des jeunes. Le protocole se déroule en plusieurs étapes :
-
Entretien préliminaire
En présence du jeune et de la famille, il présente le déroulement du projet et insiste sur l’objectif final : le partage du plan de sécurité entre le ou la jeune et son entourage.
-
Entretien narratif
Cette séance consiste en un entretien narratif filmé, dans un esprit collaboratif, où l’adolescent ou l’adolescente est invitée à raconter sa tentative de suicide avec ses propres mots. Le ou la thérapeute conserve une attitude d’écoute, sans jugement et avec peu d’interventions. Cette approche favorise la part active du jeune et mobilise son expertise.
-
Récit visionné avec l’adolescent ou adolescente
Cette deuxième rencontre est l’occasion de revenir sur certains passages clés du récit, sélectionnés par le ou la thérapeute. Un moment d’échanges et de co-construction qui précise des éléments dans la logique des événements, dans les émotions et les comportements du ou de la patiente.
-
Formulation écrite et stratégies
Grâce au matériel récolté et à la discussion, le ou la thérapeute construit un récit revu et affiné conjointement. « Ce travail permet d’élaborer un plan de sécurité et de lister les ressources (personnelles, professionnelles, sociales, etc) à disposition », ajoute Anne Edan. Ce récit est discuté dans un deuxième temps de façon à ce que la ou le jeune patient s’approprie ce document et soit d’accord de le partager avec ses proches pour la dernière séance.
-
Rencontre avec la famille
Lors de ce dernier entretien, le ou la jeune patiente partage son plan de sécurité, et éventuellement son récit, avec ses proches, en présence du ou de la thérapeute.
Un suivi thérapeutique est ensuite maintenu durant au minimum deux ans.
Des résultats encourageants chez les adultes
En cours d’implantation dans treize cantons, AdoASSIP est une méthode déclinée du dispositif ASSIP destiné aux adultes. Une étude randomisée sur ce public a mis en évidence un taux de réitération après tentative de suicide de 8,3 % dans le groupe bénéficiant de la thérapie, versus 26,7 % dans le groupe contrôle (« traitement habituel ») sur une période de 24 mois. AdoASSIP (adoassip.ch) bénéficie du soutien de Promotion Santé Suisse.
Le chiffre
Le suicide est la première cause de mortalité chez les jeunes de 15 à 19 ans en Suisse, avec une prévalence de 5,6 pour 100 000. (Source OMS, 2019)
Infos et contacts
Pour toute question relative au protocole AdoASSIP :
adoassip.spea@hcuge.ch ou 022 372 48 57.
Texte:
- Clémentine Fitaire
Photos:
- Getty Images