Pulsations Réseau de santé, article pour les prestataires de soins

Texte: 

  • Clémentine Fitaire

Au cœur de… l'Unité de psychiatrie légale

Formée en psychiatrie légale et criminologie, la Dre Camille Jantzi a repris en juin dernier les rênes de l'Unité de psychiatrie légale des HUG, rattachée au Centre universitaire romand de médecine légale (CURML). Passionnée par son métier, elle nous dévoile les dessous de cette entité spécialisée dans l’expertise psychiatrique. 

Quelles sont les missions de l’Unité de psychiatrie légale ? 

Dre Camille Jantzi : Notre unité est mandatée directement et uniquement par la justice pour réaliser des expertises psychiatriques, dans un contexte civil ou pénal. 

Les expertises civiles consistent à aider la justice à déterminer si une personne a besoin de protection, par exemple avec l’instauration d’une curatelle ou encore un placement à des fins d’assistance. Pour cela, nous recherchons d’éventuels troubles psychiatriques chez la personne concernée et évaluons quelles sont les conséquences potentielles de ces troubles sur la vie de tous les jours. 

Pour ce qui est du pénal, nos missions consistent à évaluer l’état mental d’un individu au moment des faits qui lui sont reprochés. Une pathologie psychiatrique ou un état mental altéré par des substances, par exemple, peuvent diminuer la responsabilité et donc la peine assortie. Nous nous prononçons également sur le risque de récidive et pouvons proposer des mesures de soin comme un suivi ambulatoire ou une hospitalisation en milieu ouvert ou fermé. 

Pour toutes ces missions, nous collaborons parfois avec d’autres praticiens et praticiennes, si des pathologies non psychiatriques sont impliquées ou si l’expertise nécessite de consulter le dossier médical d’une personne. 

Quel nouveau souffle aimeriez-vous insuffler à cette unité ? 

J’aimerais poursuivre la mise en place de collaborations entre les services, entre les cantons et à l’étranger, mais aussi procéder à l’ouverture de l’unité au niveau de l’enseignement et de la recherche. La façon dont nous pratiquons des expertises en Suisse gagnerait vraiment à être enseignée ailleurs. L’expertise psychiatrique est un métier très spécialisé, qui nécessite à la fois une formation en psychiatrie légale et en droit suisse, ainsi qu’une connaissance de la littérature scientifique sur le sujet. 

Quels types de cas traitez-vous le plus fréquemment ? 

En 2022, notre unité a réalisé 442 expertises. La majorité concernait des expertises de recours contre le placement à des fins d’assistance. En effet, quand une personne est hospitalisée contre sa volonté, elle peut faire appel au juge, qui nous sollicite alors pour une expertise psychiatrique afin de déterminer si cette hospitalisation est justifiée ou non. 

L’autre grande partie des dossiers que nous traitons touche les expertises pénales, notamment celles impliquant de la pédopornographie ou des agressions sexuelles sur des enfants. Mon hypothèse pour expliquer l’augmentation de ces expertises est plutôt optimiste : il est aujourd’hui plus facile de dénoncer ces actes, de porter plainte et d’instruire les faits. Les moyens informatiques dont bénéficie la police ainsi qu’une plus grande collaboration entre les pays favorisent également les interpellations. 

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  • Clémentine Fitaire
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