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  • Mélissa Chervaz

Détruire les tumeurs grâce à l’ablation par micro-ondes et à la cryoablation

Au cours des quinze dernières années, les thermoablations ont vu leurs indications considérablement augmenter et ont prouvé leur efficacité dans la guérison des cancers. Gros plan sur deux techniques récemment déployées en radiologie interventionnelle. 

La thermoablation est en mesure de détruire des cellules tumorales par la chaleur. « La radiofréquence et le micro-ondes sont deux traitements ablatifs percutanés proposés aux HUG. Le micro-ondes est une technologie plus récente et davantage utilisée, qui permet des ablations plus importantes. Il consiste à créer une agitation thermique des molécules d’eau à l’aide d’une aiguille pour dégager de la chaleur et faire monter la température entre 90 et 120°C. On obtient alors une destruction complète des cellules tumorales », explique le Dr Alexis Ricoeur, médecin adjoint responsable de l'Unité de radiologie abdominale et interventionnelle. « De l’autre côté du spectre, la cryoablation détruit des cellules tumorales par le froid en congelant la tumeur à des températures allant de -20 à -40°C », précise le spécialiste. 

Toutes ces techniques consistent en l’insertion percutanée d’aiguilles sous guidage d’imagerie (scanner et échographie) pour atteindre précisément la tumeur sans recourir à une incision chirurgicale. Une anesthésie générale est habituellement réalisée, sauf dans certains cas de cryothérapie où une simple sédation consciente peut être proposée. Quelle que soit la technique utilisée, l’intervention est réalisée par un ou une radiologue interventionnelle dans un bloc de radiologie interventionnelle, en condition stérile. « Il s’agit d’une des seules spécialités médicales à délivrer une prise en charge qui s’étend du dépistage initial de la tumeur par imagerie au diagnostic oncologique avec la réalisation de biopsies, en passant par le traitement thermoablatif, jusqu’au suivi post intervention par scanner ou IRM », souligne le Dr Ricoeur. 

Chaud ou froid ?

Le choix de la technique dépend de l’organe à traiter. « La destruction par le chaud est plus adaptée pour les lésions hépatiques, car elle comporte moins de risques pour le foie. Pour le rein, c’est l’inverse, car les cavités rénales sont très sensibles au chaud. La cryoablation est donc préférée dans ce cas-là. Elle est également très adaptée pour les tumeurs osseuses, les cancers du sein inopérables, les nodules sous-cutanés et les métastases musculaires. La cryothérapie peut également revêtir un intérêt particulier dans la prise en charge de douleurs rebelles d’origine cancérologique en diminuant le volume tumoral et les dénervations localisées (cryoneurolyses). Enfin, les deux techniques peuvent aussi bien être utilisées pour les lésions du poumon », explique le spécialiste. 

Spécificité des HUG

Ces techniques se sont développées progressivement dans les grands hôpitaux d’Europe et des États-Unis depuis les années 2010 et c’est entre 2022 et 2023 que leur déploiement s’est fortement accéléré aux HUG. Bien que d’autres centres hospitaliers en Suisse proposent également ces technologies, les HUG sont parmi les seuls à les associer à la jet ventilation. « Cette technique d’anesthésie permet de diminuer considérablement les mouvements du diaphragme liés à la respiration du ou de la patiente. La précision du geste s’en voit améliorée et les indications de traitement des tumeurs par ces techniques augmentées. C’est un réel atout », conclut le Dr Ricoeur. 

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  • Mélissa Chervaz
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