Incontinence urinaire et anale, constipation, difficultés à uriner, prolapsus génital ou du rectum… ces pathologies périnéales courantes, mais encore taboues, sont désormais prises en charge aux HUG par une équipe multidisciplinaire, y compris au bloc opératoire. Cette approche améliore l’efficacité des traitements.
Pathologies liées au vieillissement, ces différentes dysfonctions périnéales doivent faire l’objet de mesures de prévention chez les publics à risque. De grandes avancées ont notamment eu lieu ces dernières années autour de la prise en charge des déchirures lors de l’accouchement.
Du côté des traitements, la rééducation fonctionnelle par physiothérapie ou encore la mise en place d’un dispositif pour maintenir les organes en place (pessaire) peuvent atténuer les symptômes. « Mais ces options ne restaurent pas l’anatomie. La chirurgie est parfois nécessaire pour offrir une qualité de vie améliorée », prévient le Pr Guillaume Meurette, spécialiste en chirurgie du côlon, du rectum, de l’anus et du périnée.
Jusqu’alors cloisonné entre chacune des spécialités concernées, le sujet des pathologies fonctionnelles du périnée réunit désormais aux HUG urologues, gynécologues et proctologues pour une prise en charge multidisciplinaire. Une fois par mois, les équipes discutent des cas et évoquent les différentes options thérapeutiques. Une deuxième étape clinique propose d’établir un plan précis de prise en charge. « Ce n’est pas très drôle de se faire examiner le périnée par plusieurs personnes, reconnaît le Pr Meurette. Mais l’expérience nous montre que chez des patientes très en demande d’une amélioration, un examen mené non pas de façon intrusive, mais de façon orientée par les différentes spécialités concernées (urologues, uro-gynécologues ou colo-proctologues) est efficace. »
En cas de nécessité chirurgicale, la collaboration simultanée de la chirurgie colorectale et de la chirurgie gynécologique au bloc opératoire permet de mutualiser l’expérience et le savoir, pour une plus grande précision de traitement. « Cette nouvelle façon d’opérer conjointement est bénéfique à la fois pour le ou la patiente, et les praticiens et praticiennes, qui peuvent exprimer leur savoir-faire. La chirurgie du périnée est une spécialité émergente. Nous souhaitons réunir, ici à Genève, l’excellence de nos expertises », se félicite le Pr Meurette, à l’initiative de cette approche croisée.
Ne pas sous-estimer l’impact psychologique
Si elles n’engagent pas le pronostic vital, les pathologies fonctionnelles périnéales affectent la vie quotidienne, peuvent impacter la santé psychologique et entraînent parfois des douleurs chroniques.
Pour accompagner les patients et patientes, une ou un médecin de la douleur pelvipérinéale se joint désormais aux consultations cliniques conjointes. Des relais avec les anesthésistes au bénéfice d’une formation à l’hypnose sont aussi proposés. « À terme, il est également nécessaire qu’un ou une psychologue se joigne à l’équipe pour intégrer la dimension importante de l’impact psychologique de ces troubles », insiste le spécialiste.
Longtemps tabou, le sujet des troubles fonctionnels du périnée est désormais de plus en plus évoqué en cabinet en ville. « Il faut questionner les personnes et ne pas attendre qu’elles se livrent, notamment sur les problèmes de continence, de confort anal ou de constipation. Le prolapsus n’est pas une fatalité : nous pouvons prendre en charge cette maladie fonctionnelle, même au-delà de 70 ans », conseille le Pr Guillaume Meurette.
Certains signes peuvent orienter le diagnostic vers un prolapsus, tels que des incontinences fréquentes, une sensation de boule au niveau du vagin ou du rectum, ou encore une constipation terminale chronique.
En cas de doute, de question ou pour adresser un ou une patiente :
Unité de proctologie du Service de chirurgie viscérale des HUG
+41 (0)22 372 29 34
proctologie.secretariat@hug.ch
Les femmes, particulièrement concernées
Le périnée est fragilisé tout au long de la vie, en particulier chez la femme : 45 % d’entre elles sont ainsi concernées par l’incontinence urinaire et près de la moitié des femmes ayant accouché sont touchées par un prolapsus génital.
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Texte:
- Clémentine Fitaire
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