Dans le cadre du dépistage et de la prise en charge des chutes chez les personnes âgées, un vaste projet réunit différents partenaires autour de l’Hôpital des Trois-Chêne afin de mettre en place un parcours de soins individualisé.
Chaque année, en Suisse, plus de 280 000 personnes sont victimes d’une chute nécessitant un traitement ambulatoire ou une hospitalisation et entraînant des coûts médicaux et sociaux importants. Particulièrement concernées par cette problématique, les personnes de plus de 65 ans en subissent les effets délétères : incapacités diverses, perte d’autonomie, hospitalisations, etc.
« Une personne sur trois hospitalisées aux Trois-Chêne l’est au motif d’une chute. Un tiers d’entre elles sera réadmise dans les 30 jours, dont la moitié en raison d’une nouvelle chute. Cela représente un volume extrêmement important et un vrai défi en termes de prise en charge et de prévention », constate le Pr Andrea Trombetti, médecin adjoint agrégé du Service des maladies osseuses et chef du projet MobiliChutes.
Cette réalité a amené à repenser l’itinéraire des patients et patientes âgées victimes de chutes ou rencontrant des troubles de la mobilité. « Le projet MobiliChutes s’inscrit ainsi dans la continuité de précédents travaux menés au Département de réadaptation et gériatrie dès 2017 avec, notamment, la création de la Filière chutes, initiative récompensée du Prix Qualité des HUG. Nous souhaitions aller plus loin encore en travaillant sur la transition entre l’hôpital et le réseau de soins en ville », ajoute le Pr Andrea Trombetti.
Une collaboration étroite avec le milieu communautaire
Les objectifs du projet MobiliChutes sont d’identifier les personnes chuteuses au Service de médecine interne de l’âgé et au Service de gériatrie et réadaptation, d’aider à leur prise en charge et préparer leur sortie en les mettant en relation avec le réseau communautaire.
« Un plan de sortie individualisé permet d’immédiatement mettre en relation la personne âgée avec la structure partenaire la plus adaptée à ses besoins : séances de physiothérapie et activité physique notamment, dont nous savons qu’elles contribuent à réduire efficacement la récidive des chutes », explique le Pr Andrea Trombetti.
Pour faciliter le suivi (à un mois, puis trois mois), un coordinateur de l’hôpital (ou case manager) joue le rôle d’interface entre les HUG et le réseau de soins partenaire : PhysioGenève, Pro Senectute, la Ligue genevoise contre le rhumatisme, l’Institut Jacques-Dalcroze, l’Imad, ou encore l’Association des médecins du canton de Genève (AMGe).
En parallèle de la Filière chutes, la Filière chutes-fractures évalue quant à elle le risque de chute à distance d’une fracture. « Nous allons alors investiguer les raisons qui ont pu provoquer la chute et reconvoquer les patients et patientes pour un bilan ultérieur. »
Chutes : l’arbre qui cache la forêt
Chez une personne âgée, une chute est bien souvent le signal de l’existence d’un autre problème. Des troubles de la vision, une infection pulmonaire, un trouble vestibulaire, un problème de dénutrition, de polymédication, etc. agissent alors comme des facteurs déclenchants.
« Toutes les personnes chuteuses ont des troubles de l’équilibre, des problèmes de mobilité ou de force musculaire. Mais un événement aigu surajouté va arriver comme une goutte d’eau qui fait déborder le vase, et la situation jusqu’à présent compensée va soudain se décompenser », constate le Pr Andrea Trombetti. Identifier, pour le traiter, le problème « racine » qui a mené à la chute chez les personnes hospitalisées, est donc aussi l’un des objectifs du programme MobiliChutes.
Pour en savoir plus : www.hug.ch/direction-soins/programme-chutes
Chute d’un patient ou d’une patiente : recommandations de prise en charge immédiate
- Si personne aRéactive = Appliquer les règles pour appeler le 144.
- Rechercher : des lésions, une douleur, une impotence fonctionnelle, un hématome, une hémorragie, un impact crânien, les circonstances de la chute.
- Prendre les constantes : pouls, TA, Glasgow, T°, saturation, glycémie.
- Relever la personne si aucun danger avec guidance verbale ou aide : référence «Technique du relever du sol».
- Réinstaller la personne au fauteuil ou au lit.
- S’assurer de sa sécurité.
- Vérifier si la personne est sous anticoagulant.
- Appeler le ou la médecin du service ou de garde.
- Appliquer les prescriptions médicales.
- Documenter l’événement dans DPI.
- Effectuer la déclaration de chute.
- Informer les proches.
- Détecter le risque d’une nouvelle chute avec l’échelle Stratify.
Voir la brochure complète « Chutes : évaluation du risque et recommandations de prévention ».
Voir la brochure « Prévenir les chutes et les fractures ».
Texte:
- Clémentine Fitaire
Photos:
- Getty Images