Certains types de cancer et traitements oncologiques augmentent le risque de maladie cardiovasculaire. Suivant les dernières recommandations de la Société européenne de cardiologie, les HUG proposent une consultation spécifique de cardio-oncologie, destinée aux personnes traitées pour un cancer ou en post-traitement.
Garantir une meilleure santé cardiaque et diminuer les facteurs de risque cardiovasculaires avant et après un traitement contre le cancer : tels sont les deux principaux objectifs de la consultation de cardio-oncologie mise en place aux HUG depuis quelques années. Elle s’adresse aux personnes en cours de traitement oncologique et à celles qui ont survécu à un cancer. « Lors du diagnostic de cancer, un bilan cardiovasculaire est établi afin d’amener les oncologues et les hématologues à choisir les traitements les moins toxiques pour chaque individu. Nous recherchons également d’éventuelles maladies cardiaques préexistantes, qui peuvent potentiellement devenir problématiques durant certaines chimiothérapies », explique le Dr Nana Kwabena Poku, chef de clinique au Service de cardiologie.
Ce bilan approfondi permet d’anticiper des effets secondaires et de limiter les interruptions du traitement oncologique, qui seraient délétères pour le pronostic global.
L’autre catégorie de public accueillie au sein de cette consultation sont les patients et patientes souffrant d’une maladie cardiovasculaire sévère (insuffisance cardiaque, infarctus, insuffisance valvulaire, etc.). « Ces pathologies sont de mieux en mieux soignées grâce aux progrès technologiques en cardiologie. Le vieillissement de cette population de malades chroniques augmente donc statistiquement son risque d’être un jour confrontée au cancer. Or, un cancer sur un terrain cardiovasculaire complexe nécessite une prise en charge spécifique », ajoute le spécialiste.
Un lien entre cancer et maladie cardiovasculaire
Cette corrélation entre maladies cardiaques et oncologiques tient à plusieurs éléments. Tout d’abord, le caractère très inflammatoire de certains types de tumeurs favorise un risque cardiovasculaire sur le long terme. L’effet toxique des traitements oncologiques, par ailleurs, pose également la question des bénéfices/risques. « Bien que les chimiothérapies d’aujourd’hui soient de plus en plus pointues, elles ne sont pas encore suffisamment ciblées pour ne pas entraîner de dégâts collatéraux sur le système cardiovasculaire », explique le Dr Poku.
Enfin, des facteurs de risque communs aux pathologies cardiaques et oncologiques sont connus, tels que des facteurs génétiques, environnementaux ou comportementaux (tabac par exemple).
Tous ces éléments sont pris en compte pour proposer une prise en charge personnalisée, mais aussi coordonnée entre l’hôpital et les médecins en ville. « L’approche se doit d’être holistique, notamment auprès des personnes jeunes ayant survécu au cancer. Le type de cancer et les traitements mis en place doivent parfois être considérés comme un risque de maladies cardiovasculaires. Les questions de prévention pour les autres facteurs de risque sont également importantes », souligne le Dr Poku.
Pour adresser un patient ou une patiente à la consultation de cardio-oncologie, contactez le Service de cardiologie au 022 372 75 31.
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...soignée pour un cancer (en rémission ou en cours de traitement) décède d’une maladie cardiovasculaire.
Source : European Heart Journal, Volume 40, Issue 48, 21 December 2019, Pages 3889–3897, https://doi.org/10.1093/eurheartj/ehz766
Texte:
- Clémentine Fitaire
Photos:
- Getty