Près d’un médicament prescrit sur deux n’est pas pris. Ce constat reflète des réalités multiples : crainte d’effets indésirables, expériences négatives, recours à des alternatives naturelles ou simple oubli. Pour la Dre Olivia Braillard, médecin adjointe au Service de médecine de premier recours, « l’enjeu est de sortir du jugement négatif pour comprendre les bonnes raisons qui amènent les personnes à ne pas suivre leur traitement ». Conçu dans une approche d’éducation thérapeutique et de partenariat avec le ou la patiente, Moi et mes médicaments vise ainsi à ouvrir le dialogue et à favoriser une meilleure adhésion thérapeutique.

Une conception collaborative

L’outil est né dans le cadre du diplôme d’éducation thérapeutique de Géraldine Saliez-Pierret, infirmière spécialisée au Service de médecine de premier recours. « Nous nous sommes rendu compte qu’il n’existait pas de dispositif universel avec lequel aborder les médicaments de manière ouverte, au-delà d’une pathologie précise », explique-t-elle. Après des entretiens avec la patientèle et les professionnelles et professionnels de santé dans une approche collaborative, douze thématiques ont été définies, parmi lesquelles : représentations, émotions, coût, conséquences sur le corps ou encore relations aux autres. Un important travail de design a ensuite été fourni en vue de développer un outil coloré, ludique et adaptable.

Un support simple et accessible

Moi et mes médicaments existe en deux formats : un plateau pour les entretiens individuels et un set de cartes destiné aux groupes. Chaque carte propose un thème et des questions ouvertes, qui seront choisies par le ou la patiente pour aider à amorcer la discussion. Une version gratuite est téléchargeable en ligne, tandis qu’une édition plastifiée, payante, est disponible sur demande en cinq langues (français, anglais, allemand, espagnol, portugais). « Même dix minutes de consultation suffisent pour ouvrir la porte au dialogue », souligne Géraldine Saliez-Pierret. L’outil s’adresse à tous les métiers qui abordent la question du médicament : médecins, infirmiers et infirmières, pharmaciens et pharmaciennes, physiothérapeutes… « L’adhésion n’est pas seulement la responsabilité de la personne à laquelle un traitement est prescrit, c’est une responsabilité partagée entre tous les acteurs et actrices du soin », explique la Pre Marie-Paule Schneider, pharmacienne et directrice scientifique de Pharma24. Sont ainsi évoqués la gestion concrète des traitements, les routines, les émotions ou les obstacles, et des mots sont mis sur ce que chacun et chacune vit au quotidien avec ses médicaments.

Premiers retours et perspectives

Testé en consultation ambulatoire, Moi et mes médicaments a rencontré un vif succès. « Les thèmes abordés sont rarement explorés. Le fait de pouvoir choisir le sujet et s’exprimer sans jugement favorise la confiance et l’implication », relève Géraldine Saliez-Pierret. Fort de premiers retours très positifs, l’outil pourrait être adapté à la pédiatrie. « La perspective est de le diffuser au maximum pour favoriser la parole des patients et patientes et l'écoute des soignants et soignantes », précise l’infirmière.

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