Pensé dans une approche transculturelle, cet accompagnement s’adresse aux femmes réfugiées ou demandeuses d’asile. Il vise à repérer précocement les fragilités psychiques et sociales susceptibles d’affecter la grossesse ou la relation parentale. « Beaucoup de ces femmes bénéficient d’un suivi somatique, mais leur souffrance psychique passe souvent inaperçue », souligne la Dre Noémie Cuissart de Grelle, médecin associée responsable du dispositif MEME. Les troubles dépressifs, anxieux ou post-traumatiques sont en effet plus fréquents parmi ces femmes que dans la population générale et demeurent sous-diagnostiqués.

Une population vulnérable

Souvent arrivées depuis peu, la plupart après un parcours migratoire violent, ces femmes sont confrontées à la précarité matérielle, à l’incertitude administrative et à l’isolement. « Elles doivent devenir mères loin de leurs proches, de leur culture, sans savoir comment se passent les choses ici, observe Sibylle de Saussure, psychologue au MEME. Nous voyons des femmes qui s’adaptent sans se plaindre, mais pour lesquelles le soutien émotionnel est essentiel. »

Pour répondre à ces besoins, le pôle périnatal du dispositif MEME a mis en place un suivi prénatal individualisé. Deux psychologues assurent les entretiens, avec interprète, auxquels les pères sont encouragés à participer. Ces rencontres abordent librement les émotions liées à la grossesse, les conditions matérielles d’accueil du bébé et les repères culturels autour de la maternité. Elles offrent aussi un temps pour détecter d’éventuelles difficultés psychiques et orienter la future mère, si nécessaire, vers d’autres ressources du réseau. « L’approche se veut avant tout préventive et bienveillante. Il ne s’agit pas de psychiatriser la grossesse, mais d’ouvrir un espace de parole et de soutien », précise la Dre Cuissart de Grelle. Après la naissance, une visite à la Maternité et un suivi ambulatoire sont proposés afin de soutenir la mise en place du lien mère-enfant et de renforcer la confiance des parents dans leurs compétences.

En parallèle, un groupe « mère-bébé » réunit régulièrement des femmes migrantes pour un partage d’expériences, pour créer du lien et réfléchir à la parentalité entre deux cultures.

Assurer une continuité du suivi

Les femmes accueillies sont principalement adressées par la Maternité des HUG, la Consultation ambulatoire - Santé asile et réfugiés (USAR) ou encore par les sages-femmes et les pédiatres du réseau. L’équipe collabore par ailleurs étroitement avec les services sociaux et les structures communautaires afin d’assurer une continuité entre le suivi médical, psychologique et social. « Il est important que les professionnels et professionnelles de santé soient sensibilisées à ces problématiques, car ce sont souvent des femmes très courageuses, qui donnent le change, mais qu’il faut soutenir même quand elles semblent aller bien », insiste Sibylle de Saussure. Ce travail en réseau contribue à une prise en charge cohérente et inclusive de la maternité aux HUG.

Pour demander un entretien pour une future mère migrante, merci d’envoyer un mail à l’adresse : sibylle.desaussure@hug.ch