Pulsations Réseau de santé, article pour les prestataires de soins

Texte: 

  • Clémentine Fitaire

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  • Getty Images

Vers une personnalisation des anticoagulants oraux directs ?

Les anticoagulants oraux directs (ACOD) ont désormais une place prédominante dans la prévention et le traitement des maladies thromboemboliques veineuses. 

L’arrivée des ACOD a été perçue comme une avancée, ne nécessitant plus de suivre l’activité anticoagulante (piqûre au bout du doigt pour obtenir l’INR1 du ou de la patiente) et des dosages fixes. Pourtant, chez certaines personnes à risque de saignements, une adaptation du traitement reste recommandée. 

« Des données montrent aujourd’hui qu’une concentration trop élevée ou trop faible d’ACOD augmente les risques hémorragique et thrombotique respectivement. Il faudrait donc pouvoir personnaliser ces doses si besoin », explique le Dr Jean Terrier, chef de clinique scientifique au Service de pharmacologie et toxicologie cliniques. 

Identifier les personnes à risque

Le dosage des ACOD peut être adapté en fonction de certaines caractéristiques (insuffisance rénale, âge, poids, etc.), mais ne permet pas de tenir compte de la variabilité génétique entrant en jeu dans l’élimination de la molécule ou des interactions médicamenteuses. 

Les services de médecine interne générale et de pharmacologie et toxicologie cliniques travaillent donc en étroite collaboration pour mettre au point des modèles prédictifs, afin d’anticiper la concentration attendue pour un ou une patiente en fonction de ses caractéristiques personnelles. 

Dans ce contexte, le « Geneva cocktail » (lire encadré) aide notamment à connaître la vitesse de métabolisation d’un individu, une donnée supplémentaire intégrée aux modèles de prédiction des concentrations plasmatiques des ACOD.  

« Cela relève toutefois encore du domaine de la recherche. En attendant, le respect des recommandations de dosage liées aux autorisations de mise sur le marché et l’identification des patients et patientes à risque doivent relever d’une vigilance particulière », note le Dr Terrier.

Dans le cas particulier d’interactions médicamenteuses, il peut ainsi être utile de revoir la prescription et d’évaluer la possibilité de revenir à une molécule telle que l’acénocoumarol (Sintrom®), permettant de contrôler le degré d’anticoagulation avec l’INR au bout du doigt.

Contacter le Centre d’information thérapeutique
Pour en savoir plus: la brochure “Votre traitement par anticoagulant oral direct

Le « Geneva cocktail », pur produit des HUG 

Pour affiner les prescriptions en fonction du profil d’un individu, optimiser les dosages et contribuer à réduire les interactions médicamenteuses néfastes, un test de phénotypage peut être proposé. Ce « Geneva cocktail », développé par le Service de pharmacologie et toxicologie cliniques des HUG et l’Université de Genève, se présente sous forme d’un comprimé-test contenant six substances médicamenteuses microdosées, chacune spécifique à une enzyme. Un prélèvement capillaire au bout du doigt quelques heures après la prise du comprimé permet de mesurer l’activité enzymatique et d’identifier différents facteurs (génétiques ou environnementaux) pouvant influencer la transformation des médicaments par l’organisme. 

Plus d’infos : pharmacie.hug.ch
À lire aussi : https://pulsations.hug.ch/article-pro/des-tests-pour-personnaliser-les-traitements-medicamenteux

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  • Clémentine Fitaire

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