Lorsque le fœtus est en siège, la césarienne est généralement préférée à un accouchement par voie basse, aux bénéfices pourtant reconnus. La Dre Caroline Daelemans, responsable de l’Unité de salle d’accouchement, forte des enseignements tirés de la Clinique du siège qu’elle a mise sur pied à Bruxelles, combat les idées reçues depuis son arrivée en 2021.
Pulsations Comment s’explique la préférence pour la césarienne lorsqu’un fœtus se présente par le siège (c’est-à-dire les fesses en bas) ?
Dre Caroline Daelemans L’accouchement par voie basse en cas de siège est encore l’exception en Suisse. D’ailleurs, 95 % des femmes dans cette situation ont une césarienne. Notamment parce que cette approche, quelle que soit la présentation du bébé, est moins risquée pour ce dernier. Un accouchement par voie naturelle est en effet plus éprouvant pour lui. Mais ce léger sur-risque doit être mis en perspective dans chaque situation : antécédents de la mère, nombre de grossesses et types d’accouchements précédents, etc. Pour les grossesses gémellaires, par exemple, les études montrent que les bébés ont un bénéfice à naître par voie naturelle, car ce mécanisme physiologique va les aider à s’adapter à la vie extra-utérine.
Pour la mère, un accouchement par voie basse en cas de siège n’est-il pas plus compliqué ?
Les sensations, les complications ou encore le mécanisme d’accouchement par voie basse sont identiques que l’enfant se présente en siège ou par la tête. En outre, les bénéfices d’un accouchement naturel par rapport à la césarienne sont réels pour la mère, comme une récupération moins compliquée et plus rapide, moins de pertes de sang ou encore des grossesses futures moins risquées.
Pour accompagner au mieux ces femmes dans leur choix, vous avez monté en 2015 à Bruxelles la première Clinique du siège belge. Quels enseignements en avez-vous tirés ?
Avant la mise en place de ce projet, il n’existait aucun parcours de soins structuré spécifique. Le but était donc de réunir une équipe pluridisciplinaire formée, pour soutenir les femmes dans leur décision. Outre le fait qu’elle nous a permis d’améliorer les connaissances sur ce sujet, la Clinique du siège a favorisé une augmentation significative des accouchements par voie basse, et ceci sans entraîner davantage de complications. Cette expérience m’a amenée à développer aux HUG un trajet de soins similaire. Il apporte de nombreuses informations aux patientes et leur offre une préparation ciblée, comprenant des outils pour gérer au mieux le travail et l’accouchement.
Cette nouvelle approche remet-elle en question les techniques de « version » (visant à retourner le fœtus) au cours de la grossesse ?
Non, pas du tout. Nous recommandons systématiquement la version pour diminuer le nombre de présentations en siège et donc limiter les césariennes. Il est important que les femmes enceintes puissent bénéficier rapidement d’informations complètes sur les risques – très faibles – et le taux de réussite de cette manœuvre (environ 50 %) pour prendre une décision éclairée.
Pour l’équipe médicale, la césarienne reste malgré tout plus aisée à pratiquer…
Oui, probablement, mais c’est une considération qui doit passer après les bénéfices pour l’enfant et la mère, ainsi que le choix des parents. À la Maternité des HUG, les accouchements par voie basse ont toujours été favorisés lorsqu’ils pouvaient l’être. En tant qu’hôpital académique avec une grande expertise obstétricale, notre rôle est de savoir prendre en charge les situations les plus complexes et rares. Nous aimerions encore davantage appuyer la formation des jeunes équipes médicales à la pratique de l’accouchement par voie basse du siège pour qu’elles puissent accompagner et soutenir au mieux les futures mères concernées.
Pour prendre rendez-vous pour une consultation prénatale : 022 372 44 00
3 à 5 % des enfants (nés à terme) se présentent par le siège
Dans la grande majorité des cas, aucune cause n’est retrouvée. Ce positionnement peut parfois être lié à une malformation de l’utérus, une grossesse multiple, une anomalie du liquide amniotique ou une pathologie fœtale.
Texte:
- Clémentine Fitaire
Photos:
- François Wavre | lundi 13