Texte: 

  • Yseult Théraulaz

Photos: 

  • Julien Gregorio

Accueillir les personnes cérébrolésées

L’Hôpital de Bellerive dispose désormais de quatre lits pour soigner, sur le long terme, ces patients et patientes aux besoins particuliers. Sans oublier leurs proches qui peuvent bénéficier d’un soutien.

Après un accident de la route, par exemple, certaines victimes souffrent de graves lésions cérébrales. Elles se retrouvent alors dans un état de veille minimal ou végétatif. Ces personnes nécessitent des soins et une surveillance 24 heures sur 24, malheureusement souvent à vie.

Pour accueillir ces patients et patientes gravement cérébrolésées dans les meilleures conditions possibles, l’Hôpital de Bellerive a inauguré, en mars dernier, une nouvelle unité dotée de quatre lits. «Par le passé, il n’y avait pas de structure adéquate pour ces personnes. Elles sont, pour la plupart, jeunes et ont besoin de soins techniques et de personnel spécifiquement formé», explique le Dr Christian Thomas, médecin adjoint au Service de médecine interne et réadaptation de l’Hôpital de Bellerive. Et le Dr Mauro Oliveira Pinto Silva, médecin adjoint au Service de réadaptation et gériatrie à l’Hôpital de Bellerive, de préciser : «Ces personnes restent longtemps à l’hôpital en attente d’un placement définitif éventuellement dans un EMS ou à domicile, lorsque c’est possible. Désormais, elles sont accueillies dans des chambres spacieuses et adaptées techniquement à leurs besoins. En outre, celles-ci sont personnalisables par la famille. Un ou une proche peut aussi y dormir confortablement.»

lit de soins pour les personnes cérébrolésées

Équipement spécifique

Les personnes hébergées dans cette unité sont nourries par sonde et ont souvent subi une trachéotomie. Elles ne peuvent ainsi ni se mouvoir ni s’exprimer. Leur chambre dispose donc d’un équipement adapté. «Par exemple, leur lit peut être placé à la verticale. Mettre le ou la patiente dans cette position est très important pour éviter les calculs rénaux, les infections pulmonaires, améliorer le retour veineux, entre autres. Tout est ergonomique pour les personnes concernées et le personnel soignant», explique Isabelle Pegatoquet Dufournet, infirmière responsable d'équipe de soins.

Véritable projet de soins

Plusieurs corps de métier sont appelés à intervenir auprès de cette patientèle particulière : neuropsychologues, ergothérapeutes ou encore logopédistes. L’unité dispose aussi d’une baignoire thérapeutique pour soulager les douleurs et de dispositifs permettant une stimulation visuelle et auditive. «Nous avons un véritable projet de soins pour assurer le meilleur confort possible à ces personnes et à leurs proches», poursuit le Dr Oliveira Pinto Silva. Un avis partagé par son collègue, le Dr Thomas : «La famille est toujours en souffrance, même si l’accident est survenu des mois ou des années plus tôt. Cette unité leur apporte un soutien psychologique. Les proches peuvent aussi participer à des séances de groupe avec d’autres familles qui sont dans la même situation.» Et Isabelle Pegatoquet Dufournet de conclure : «C’est un grand défi émotionnel que de soigner des personnes avec lesquelles il n’est pas possible d’avoir de véritables interactions. Les familles nous font confiance et elles nous aident à mieux comprendre leur proche. Cela donne du sens à ce que nous faisons.»

Un projet inédit

dispositif d'accueil des personnes cérébrolésées Ce nouveau dispositif d’accueil des personnes cérébrolésées a été rendu possible grâce à un double financement. Les 80% du budget proviennent de la Fondation privée des HUG, les 20 % restants d’un fonds privé découlant de l’histoire personnelle du donateur.

«J’ai l’impression de me rendre chez mon frère, plutôt qu’à l’hôpital»

Miriam passe beaucoup de temps à l’Hôpital de Bellerive. Son frère aîné y a été admis il y a quatre ans après un long parcours entre différents services hospitaliers et des centres de rééducation. «Il a eu un grave accident en 2017. Il reconnaît les visages de ses proches, il interagit avec nous par ses sourires, mais il ne parle pas et est alimenté par sonde.» Admis en mars dans la nouvelle unité, l’aîné d’une fratrie de six enfants bénéficie d’une chambre spacieuse et décorée par sa famille. «Désormais, lorsque je lui rends visite, j’ai l’impression d’aller chez lui et non à l’hôpital. Le fait d’avoir personnalisé la chambre lui a fait du bien à lui autant qu’à nous. Comme elle est plus spacieuse, nous sommes tous plus à l’aise», conclut Miriam.

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  • Yseult Théraulaz

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