Elle s’impose peu à peu comme une recommandation indispensable dans de nombreux parcours thérapeutiques. Explications avec le Dr Maximilian Schindler, médecin adjoint à l’Unité de médecine physique et réadaptation orthopédique.
« Quand j’ai eu mon cancer, j’ai continué la course à pied, raconte Eusebio, 51 ans. Pour moi, le sport était une continuité des soins, j’en avais besoin. Je pense que c’est la course qui m’a permis, en complément de la chimiothérapie, de maintenir ma santé et de guérir. » Le pouvoir de l’activité physique sur la santé serait-il sous-estimé ? Si une place importante lui est désormais accordée dans la prévention, elle n’est pas toujours reconnue à sa juste valeur thérapeutique. Pourtant, ses bienfaits ne se comptent plus.
D’un point de vue physique, d’abord. Le renforcement musculaire aide à compenser la fonte des muscles liée à l’âge ou à la sédentarité. Et l’impact est global. En entraînant une consommation plus importante d’énergie, il se présente comme un pilier de la lutte contre le surpoids, le cholestérol et le diabète. « Il peut même éviter un traitement antidiabétique oral dans certains cas de diabète de type 2 », explique le Dr Maximilian Schindler. L’activité physique est également bénéfique pour les os, qui regagnent en densité, réduisant ainsi le risque d’ostéoporose. Cette double action sur le squelette et la musculature participe à un meilleur équilibre et à une réduction de la douleur. L’effort demandé par la pratique d’un sport permet en outre une oxygénation importante des tissus et améliore la capacité respiratoire.
D’un point de vue cardiovasculaire, les bénéfices de l’activité physique ont depuis longtemps été démontrés, notamment chez les personnes hypertendues. On observe également chez les patients atteints d’une maladie cardiovasculaire une forte diminution du taux de mortalité.
« Quant au cancer, il y a une nette diminution du risque de développer la maladie lorsqu’on pratique une activité physique, notamment pour les cancers du sein et du côlon. Après un diagnostic, le taux de survie est également plus élevé pour ces cancers chez les personnes qui continuent à pratiquer une activité physique ou chez celles qui débutent, par rapport à celles qui sont sédentaires. »
Pour la tête aussi
Stress, anxiété, sensation de fatigue, etc. L’activité physique agit comme un antidépresseur naturel, grâce à la libération d’endorphines. « On le recommande comme traitement adjuvant de la dépression », explique le Dr Schindler. Dans le cerveau, le mouvement favorise le développement de nouvelles connexions entre les neurones et prévient le déclin cognitif. Une action qui paraît très utile pour combattre les effets de la maladie de Parkinson ou d’Alzheimer. Des tests menés sur des patients ont montré que bouger améliorait les capacités cognitives des malades et plus globalement leur qualité de vie.
Autre avantage, « sauf chez certains patients immunosuprimmés », il n’existe aucune contre-indication. À condition bien sûr d’adapter le choix de l’activité à son état général et aux éventuels traitements en cours. « On déconseille par exemple à un asthmatique de courir en ville les jours de forte pollution ou à un patient présentant une plaie de nager en piscine, ce qui accroît le risque d’infection. »
De 0 à 100 ans
Alors, qui peut s’y mettre ? « Il n’y a pas d’âge pour commencer, même si le mieux est de pratiquer dès le plus jeune âge et de façon régulière, explique le Dr Maximilian Schindler, médecin adjoint à l’Unité de médecine physique et réadaptation orthopédique. Des études ont démontré que le sport dès l’enfance était un facteur protecteur contre certaines maladies comme l’ostéoporose. » Mais même à l’âge adulte, une activité d’intensité modérée quotidienne (marche, danse, yoga, natation par exemple) offre des résultats visibles sur la santé et le mieux-être. « Les recommandations de l’Organisation mondiale de la santé invitent à pratiquer au moins 30 minutes par jour, par tranches de 10 minutes minimum en continu. »
Texte:
- Clémentine Fitaire
Photos:
- Bogsch & Bacco