«Pourquoi ne pas en avoir parlé plus tôt ?» Le reproche est aussi fréquent qu’injuste. Et la question révélatrice des multiples obstacles qui empêchent un grand nombre de victimes de raconter leur agression sexuelle, et encore plus de porter plainte. Les principaux freins ? Sentiment de honte, déni, stigmatisation, situation irrégulière, peur de ne pas être crédible, amnésie traumatique, lourdeur de la justice ou encore peines peu dissuasives.
Pourtant, parler à une personne de confiance, professionnelle ou non et le plus tôt possible, est essentiel pour entamer le travail de reconstruction. Le silence isole, dévalorise et abîme la vie durablement. À l’inverse, la parole valide ce qui a été subi. Elle soigne aussi en donnant accès à la victime au soutien de ses proches et à une aide spécialisée.
À l’image de la consultation Trauma-Care en psychiatrie de liaison et des urgences gynécologiques des HUG, dont le personnel offre un accueil et une écoute sans jugement ainsi qu’une prise en charge confidentielle et respectueuse. Le principe du consentement y est au centre de l’accompagnement médico-soignant. Pas d’examen, ni même de constat d’agression sexuelle, sans lui. La demande d’autorisation est renouvelée à chaque étape de la prise en charge. Une manière pour la victime de reprendre le contrôle en décidant ce qui est juste pour elle.
De plus, il reste une trace utile de tous les éléments recueillis lors des consultations, comme c’est le cas pour les autres personnes ou instances contactées par la victime. Ils constituent autant de preuves qui serviront plus tard à un éventuel dépôt de plainte. Quand le temps judiciaire sera venu.
Texte:
- Suzy Soumaille
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