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Aider le cerveau à récupérer

En observant la plasticité cérébrale, les chercheurs ont localisé l’activité électrique favorisant une meilleure récupération.

Notre cerveau se réorganise et s’adapte constamment aux besoins… sans qu’on s’en rende compte. C’est ce qu’on appelle la plasticité. Ce phénomène est d’autant plus important après un accident vasculaire cérébral (AVC), car le cerveau cherche à recréer des réseaux de neurones pour compenser les fonctions perdues. D’où l’idée de mieux comprendre les processus de réorganisation dans les premières semaines qui suivent l’AVC pour les modifier de manière favorable.

Le Pr Adrian Guggisberg, médecin adjoint agrégé au service de neurorééducation, responsable du laboratoire de neurorééducation cognitive, et son équipe des HUG et de l’UNIGE, ont utilisé l’électroencéphalographie (EEG) pour observer la plasticité du cerveau. Au moyen de 128 électrodes placées sur le cuir chevelu, ils ont enregistré l’activité électrique des neurones de 42 patients ayant eu un AVC. « Lorsque deux zones cérébrales interagissent entre elles, elles émettent des signaux électriques synchrones, à savoir la même longueur d’onde au même moment. Plus les zones voisines de la région lésée ont une connectivité préservée avec les autres aires cérébrales, meilleures sont les chances de récupérer les fonctions motrices et de langage perdues », explique le Pr Guggisberg. Ces résultats, parus dans la revue Brain, ont valu à l’équipe genevoise le Prix Pfizer de la recherche 2016.

Nouvelles thérapies testées

Comme l’EEG permet d’identifier une activité clé pour la récupération, les oscillations synchrones des neurones, reste à trouver un moyen de les augmenter. « On sait que la physiothérapie et l’ergothérapie y contribuent, mais le but est désormais de trouver de nouvelles thérapies pour cibler ces processus de récupération », répond le chercheur. Pour ce faire, deux approches expérimentales ont été testées: la stimulation non invasive du cerveau et le neurofeedback.

Avec la première, il s’agit de faire passer un courant électrique de faible intensité à travers le crâne pendant vingt minutes, trois fois par semaine durant trois semaines. « Cela a suffi à modifier l’activité des neurones et leurs interactions chez une partie des patients. Ce n’est efficace que si le traitement débute pendant les quatre semaines qui suivent l’AVC. Il reste encore à comprendre pourquoi cette technique ne fonctionne qu’avec certains candidats », résume le Pr Guggisberg.

De son côté, le neurofeedback consiste à apprendre au patient à synchroniser ses neurones en lui montrant en temps réel l’état de son activité sur un écran d’ordinateur. « Cette méthode donne de bons résultats, mais exige une bonne capacité de concentration », explique le neurologue. Des voies prometteuses sur lesquelles la recherche va se poursuivre.

résilience cérébrale

L’EEG a permis d’identifier une activité clé pour la récupération: les oscillations synchrones des neurones.

Thérapie robotique

L’exosquelette est utilisé depuis quelques années déjà pour aider un patient à réaliser des mouvements lorsqu’un bras a une faiblesse musculaire après un AVC.

Depuis août 2016, l’équipe du Pr Adrian Guggisberg participe à une recherche internationale sur son application en matière de neurorééducation. « L’étude a pour but de voir si l’exosquelette, doté d’un moteur qui guide et soutient le bras, améliore la récupération », résume– t-il. Elle évaluera également, au moyen d’examens d’imagerie, quels sont les changements induits par cette prise en charge au niveau cérébral.

Les HUG et l’Azienda Ospedaliero-Universitaria Pisana (Pise) suivront 48 patients ayant un déficit partiel de leur force (hémiparésie) au niveau d’un bras. Les résultats sont attendus pour 2019. Le laboratoire TNE de l’Ecole polytechnique fédérale de Lausanne (Pr Silvestro Micera) coordonne cette étude à laquelle participe également le Wyss Center, le National Centre of Competence in Research (NCCR) Robotics et le fabricant de robot Wearable Robotics.

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