Si les réseaux sociaux peuvent être une source de danger, ils comportent aussi de bons côtés. Il est ainsi utile de prendre le temps d’accompagner les jeunes afin de les aider à en faire bon usage.
Même celles et ceux qui jusqu’ici avaient réussi à gérer habilement les temps d’écran de leur progéniture, puis l’âge du premier smartphone, peuvent être surpris par la complexité de poser des limites à leurs ados sur l’utilisation des réseaux sociaux. Certes, l’adolescence est propice aux confrontations avec les parents. Mais si, dans certaines familles, le sujet est un véritable point de blocage, c’est aussi parce que ces réseaux tendent à prendre une place considérable dans la vie de leurs jeunes adeptes et que les parents se sentent parfois dépassés.
«Il y a une réelle polarisation à propos des réseaux sociaux. Certains parents sont très inquiets, quand d’autres ne les considèrent que comme une évolution technologique de plus. Il est important de revenir à une certaine nuance et qu’ils soient convaincus qu’ils ont tout intérêt à ne pas stigmatiser les réseaux sociaux et à accompagner leurs enfants dans la découverte de leur usage», suggère la Dre Sophia Achab, médecin adjointe agrégée au Service d’addictologie, responsable de ReConnecte, programme de prise en charge des addictions sans substance et à l’origine d’une liste de conseils sur le bon usage des écrans pour le Centre collaborateur de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) pour la formation et la recherche en santé mentale*.
Recours progressif et adapté à l’âge
«Pour aider les parents à aborder le sujet de manière constructive, j’utilise la comparaison avec la voiture, qui rend de multiples services mais qui, lorsqu’elle est mal employée, peut devenir très dangereuse pour soi et les autres. Il en va de même pour les réseaux sociaux», explique la Dre Achab. Et d’ajouter : «Il ne faut pas dénigrer ce qu’ils peuvent apporter aux ados – en termes de sociabilité, de créativité ou encore pour éviter de se sentir exclus –, mais il faut aussi être clairs sur les dangers potentiels. Et tout comme pour la voiture, le recours aux réseaux sociaux doit être progressif et adapté à l’âge ainsi qu’aux compétences de l’enfant. Il importe par ailleurs de le sensibiliser pour qu’il ne devienne pas un “chauffard des réseaux sociaux” : les parents envisagent rarement que leurs ados puissent être les usagers problématiques.»
S’il n’est pas encore question d’un «permis» pour naviguer sur les réseaux, un temps de «conduite accompagnée» est salutaire, avec la conscience que les jeunes sont plus vulnérables que les adultes. Un récent rapport de l’OMS montre une forte augmentation de l’utilisation problématique des médias sociaux chez les ados, les taux passant de 7% en 2018 à 11% en 2022. «Il ne faut pas hésiter à se faire aider, notamment en cas de repli de son enfant, d’abandon de ses activités favorites au profit des réseaux, de difficultés à se déconnecter un moment quand cela lui est demandé ou encore de troubles de l’humeur», conseille la Dre Achab. La spécialiste recommande également aux parents de veiller à garder une position ouverte et sans jugement afin que leurs enfants n’hésitent pas à se tourner vers eux s’ils sont confrontés à un problème sur les réseaux.
* Pour retrouver la liste de conseils sur le bon usage des écrans du Centre collaborateur de l’OMS
S’informer avant
Si vous envisagez d’ouvrir des «négociations» avec vos enfants sur leur comportement face aux écrans, mieux vaut prendre un peu de temps en amont pour mettre à jour vos connaissances sur le paysage numérique actuel. Des ressources sont disponibles en ligne, notamment sur les sites jeunesetmedias.ch, projuvente.ch et ciao.ch. «Ces supports peuvent aussi jouer le rôle de “terrain neutre” pour aider parents et enfants à dialoguer en les parcourant ensemble», propose la Dre Sophia Achab, médecin adjointe agrégée au Service d’addictologie et responsable de ReConnecte, programme de prise en charge des addictions sans substance.
Texte:
- Stéphany Gardier
Photos:
- Bogsch & Bacco