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Attention aux infections osseuses

L’unité d’orthopédie septique prend en charge ces situations particulières.

En chirurgie orthopédique, les complications sont rares. A l’image des infections ostéoarticulaires, dont le risque de survenue est de moins de 1%. Mais lorsqu’elles se manifestent, elles sont graves. Conscients de cette réalité, les HUG ont mis sur pied en 2014 une unité d’orthopédie septique, placée sous la responsabilité du Dr Domizio Suva, médecin adjoint agrégé. Objectif: réunir une plateforme d’experts pour proposer la meilleure prise en charge. « La décision d’opérer et le choix du traitement sont pris par l’équipe de chirurgie septique, qui inclut un infectiologue spécialisé dans les infections osseuses, et après discussion avec un panel de spécialistes, comme les chirurgiens vasculaires », explique le Dr Suva.

Les infections ostéo-articulaires surviennent dans trois situations : après une intervention chirurgicale avec ou sans mise en place de matériel (prothèse, plaque, vis) ; suite à un accident avec une fracture ouverte et une plaie souillée ; par le passage de bactéries dans le sang qui vont ensuite se localiser au niveau d’une articulation ou d’un os. « Le traitement consiste à enlever les tissus sévèrement infectés et à nettoyer ceux au voisinage de l’infection. Cette chirurgie nécessite une expertise de pointe et un plateau technique extrêmement développé, avec parfois la mise en place d’implants temporaires. Elle doit tenir compte de deux objectifs contradictoires : préserver l’intervention initiale et faire le maximum pour éradiquer l’infection ce qui nécessite parfois d’enlever la prothèse ou le ligament reconstruit », détaille l’orthopédiste. Des prises en charge longues, comprenant plusieurs semaines d’hospitalisation et parfois des réopérations. « Pour le suivi du patient au quotidien, nous pouvons compter sur le savoir-faire d’une équipe soignante multidisciplinaire incluant des infirmières, des physiothérapeutes, des assistants sociaux », se félicite le Dr Suva.

Centre de référence

Le pronostic de l’infection dépend beaucoup de l’état général du patient: la grande majorité (80%) évolue bien et guérit. « patients fragiles, comme les diabétiques ou les personnes souffrant d’une insuffisance artérielle des membres inférieurs, sont davantage exposés à un risque d’infection persistante, difficile à soigner, pouvant impliquer plusieurs mois d’antibiotiques, voire engager le pronostic vital », relève le chirurgien. L’an dernier, l’unité d’orthopédie septique a traité quelque 600 cas. Une activité en constante augmentation (environ 10% par année), notamment parce que les HUG sont un centre de référence et se voient adresser des patients de toute la Suisse romande et même au-delà.

Cette chirurgie nécessite une expertise de pointe.

Un registre unique au monde

Comment sait-on que près de 11'000 prothèses totales de hanche et de genou ont été posées depuis 1996 aux HUG ? Grâce au registre genevois des prothèses. Unique en son genre au niveau mondial, il recèle une mine d’informations sur les patients : âge, sexe, diagnostic, type d’implant posé, indice de masse corporelle (IMC), autres maladies du sujet, qualité de vie, activités physiques exercées, médicaments pris, etc.

« L’objectif est de contrôler la qualité des implants et la sécurité des techniques opératoires en documentant les complications. Le registre permet aussi d’offrir une approche plus personnalisée en proposant un type de prothèse plutôt qu’un autre aux personnes selon leurs caractéristiques », résume la Dre Anne Lübbeke-Wolff, médecin adjointe agrégée, responsable du registre et de la recherche clinique. Et de donner un exemple : « En analysant l’IMC du patient et le risque d’infection, nous avons changé la prophylaxie d’antibiotique en fonction du poids. » Au niveau du suivi, les patients sont vus tous les cinq ans pour une radiographie afin d’identifier un éventuel début de descellement (perte de la fixation) de la prothèse. Ce registre recense également de nombreuses données classiques comme la durée de séjour à l’hôpital ou la durée de survie des prothèses. Mais aussi plus étonnantes. « Les gens avec un niveau socioéducatif moins élevé consultent plus tard, en moyenne à 71 ans et non 67 ans, et avec davantage de douleurs », relève la Dre Lübbeke-Wolff.

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