Le programme 4F améliore la qualité de vie des jeunes adultes souffrant de troubles psychiques. Il prévient aussi la prise pondérale associée à certains médicaments et à l’inactivité.
« Feel fit food & fun ». Ce n’est pas le slogan du dernier fitness à la mode, mais le nom du programme 4F proposé au Centre ambulatoire de psychiatrie et psychothérapie intégré (CAPPI) de la Jonction, rattaché au service de psychiatrie adulte des HUG. Il s’adresse aux patients de 18 à 35 ans souffrant de troubles psychiques débutants (phobie sociale, dépression, troubles anxieux ou psychotiques, etc.), présentant une surcharge pondérale ou une prédisposition à la prise de poids.
« Ces personnes subissent les effets secondaires de certains médicaments qui peuvent perturber le sentiment de faim et de satiété. Comme elles sont souvent isolées et sédentaires, elles peuvent prendre du poids même sans traitement pharmacologique. En reprenant une activité physique régulière, elles gèrent mieux leur poids et réduisent ainsi le risque de maladies cardiovasculaires. Elles augmentent aussi leur bien-être physique et mental tout en diminuant leur stress », relève le Dr Othman Sentissi, responsable du CAPPI-Jonction. Et d’insister : « Notre rôle est de soigner les patients. Mais c’est insuffisant. Il est fondamental d’améliorer leur qualité de vie. »
Activités en groupe
Le programme 4F s’étend sur huit semaines. Il commence et se termine par un bilan individuel physique, psychologique et nutritionnel. Les activités ont lieu plusieurs fois par semaine et se déroulent en groupes d’une dizaine de participants. Le renforcement musculaire et l’endurance (fit) – réalisés sous forme de circuit training – et les activités ludiques (fun) telles que le badminton, le basket ou le volley, sont encadrés par un maître d’activités physiques adaptées. « En se sentant bien dans son corps, la personne le réinvestit, ressent du plaisir, découvre de nouvelles activités et améliore son estime de soi », résume le psychiatre. Le travail, avec une psychologue, autour de la respiration, de la relaxation, du moment présent et de la perception corporelle (feel) favorise le bien-être. Et un groupe de parole permet de partager sur des problématiques communes. Enfin, le comportement et l’équilibre alimentaire sont discutés avec une diététicienne (food). Les participants acquièrent également des connaissances pour faire de meilleurs choix nutritionnels et favoriser une stabilisation ou une perte pondérale.
Etendre à tous les secteurs
Ce programme, commencé en été 2017, concerne quelque 100 patients par an. Il a été mis sur pied grâce aux donateurs de la Fondation privée des HUG pour une durée de deux ans. « Afin d’étendre ce programme à tous les secteurs de la psychiatrie et le pérenniser, nous voulons démontrer que les patients vont mieux, sortent de leur isolement, reprennent le travail et, au final, consomment moins de soins », conclut le Dr Sentissi.
« J’ai repris confiance en moi »
Dépression et anxiété mènent Françoise* à l’arrêt de travail. La trentenaire intègre le programme 4F et, au fil des semaines, en tire des bénéfices. « Au début, j’étais tellement tendue que tout était difficile. Mon anxiété m’empêchait de prendre du plaisir. Petit à petit, j’ai senti les bienfaits de l’activité. Lors des jeux, on ne perçoit pas la maladie des participants. On est tous là pour s’amuser et s’en sortir. C’est un moment qui m’apporte beaucoup de légèreté : ça me fait du bien. Je me suis même rendu compte que je souriais », dit-elle.
« Le sport permet d’être dans l’instant présent et d’éviter de ruminer ses pensées négatives. J’avais peur de tout, maintenant j’ai davantage la pêche, j’ai retrouvé l’envie d’aller vers les gens. J’ai repris confiance en moi. D’ailleurs, plus on bouge, plus on a envie de faire des choses. En remettant en route des énergies qui stagnaient, la chaleur se propage dans tout notre corps et donne une sensation de bien-être », relève Françoise. Aujourd’hui, elle travaille de nouveau et poursuit sur cet élan en allant désormais nager une fois par semaine.
* Prénom d’emprunt.
Texte:
- Giuseppe Costa
Photos:
- Diego Funck