Texte: 

  • Clémentine Fitaire

Photos: 

  • Fred Merz | lundi 13

BPCO: une maladie sévère sous-diagnostiquée

Derrière des difficultés persistantes à respirer lors d’effort ou
une toux qui s’éternise, se cache peut-être une
broncho-pneumopathie chronique obstructive (BPCO).

Largement sous-diagnostiquée et méconnue du grand public, la BPCO concerne pourtant au moins 400’000 Suisses (5-7% de la population globale) et est devenue la troisième cause de mortalité dans le monde selon l’OMS.

Souvent considérée comme la «toux des fumeurs», elle se caractérise par une inflammation des bronches (bronchite chronique) qui entraîne un épaississement des parois et une destruction progressive des alvéoles pulmonaires nécessaires à la respiration (emphysème). On distingue néanmoins quelques variations dans les profils des malades – probablement pour des raisons génétiques –, avec des tendances plus particulières à la bronchite chronique pour certains, à l’asthme pour d’autres, ou encore à l’emphysème.

La cigarette en première ligne

Environ 80% des personnes atteintes de BPCO sont des fumeurs, généralement âgés de plus de 40 ans. «Même si tous les fumeurs ne font pas une BPCO, explique le
Pr Jean-Paul Janssens, responsable de l’Unité de pneumologie ambulatoire et centre antituberculeux, on estime malgré tout qu’un fumeur sur quatre sera affecté au cours de sa vie.» On ne le répétera jamais assez, la cigarette – en particulier les milliers de composants toxiques du tabac – a un impact irréversible sur les poumons. Pour soulager les symptômes de la BPCO, le premier impératif est donc d’arrêter de fumer. Une mesure radicale qui a fait ses preuves à tous les stades de la maladie.

Outre le tabac, la pollution environnementale (particules fines) ou intérieure (carburants de chauffage), mais aussi certaines expositions professionnelles (substances chimiques, matières en décomposition), sont en cause dans environ un cas de BPCO sur cinq.

Silencieuse pendant des années

Le problème avec la BPCO, c’est que ses symptômes sont rarement pris au sérieux par le patient et parfois par les médecins eux-mêmes. «Si on l’évoque, ce n’est pas compliqué de poser un diagnostic… encore faut-il y penser!», explique le Pr Janssens. Ajoutez à cela que dans certains cas, la maladie est silencieuse pendant plusieurs années. Lorsque surviennent les premières sensations d’essoufflement, la perte fonctionnelle peut déjà être avancée.

Près de la moitié des personnes atteintes de BPCO ignoreraient qu’elles sont concernées. «Une toux qui dure depuis huit semaines ou plus, a fortiori chez un fumeur, est anormale et requiert impérativement une évaluation médicale», prévient le pneumologue. Si tel est le cas, il est conseillé de prendre rendez-vous chez un spécialiste ou son médecin de famille. En cas de suspicion, une spirométrie, un examen qui évalue les capacités respiratoires, sera réalisée.

Freiner l’évolution

«Une fois endommagées, les cellules pulmonaires ne se régénèrent pas», avertit le Pr Janssens. Mais des mesures pour améliorer le quotidien peuvent être mises en place. Outre l’arrêt total du tabac, qui enrayera la progression de la maladie, le rôle de l’activité physique est primordial, afin de diminuer la sensation d’essoufflement et le déconditionnement. «J’ai pu retrouver une partie de ma capacité respiratoire grâce à des exercices –  vélo d’appartement, génuflexions, étirements – que je pratique tous les jours pendant dix à quinze minutes, raconte Philippe, 84 ans. Sur les conseils du médecin qui a diagnostiqué ma BPCO, j’ai également une visite à domicile, une fois par semaine, d’une physiothérapeute qui me donne des exercices cardiovasculaires.»

Tout comme l’activité physique, une alimentation équilibrée a également un effet positif sur les performances et sur l’évolution de la maladie. Enfin, l’utilisation de médicaments par inhalation contribue aussi à soulager l’essoufflement.

 

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