En janvier 2022, suite à une infection par le Covid-19, Floriane Debons passe une semaine au lit. Comme beaucoup de monde. Sauf que la fatigue, l’essoufflement et le « brouillard mental » qu’elle ressent persistent trois ans plus tard.
Lasse, Floriane Debons confie : «Il m’arrive de comparer ma vie d’‟avant” et ma vie d’‟après”. La personne que je suis devenue n’a plus grand-chose à voir avec celle que j’étais... Cela fait mal.» Le passé dont il est question se situe avant que cette femme âgée de 51 ans, éduquant seule son fils, ne contracte le Covid-19. Sportive, elle pratiquait le foot, la natation, le tennis ainsi que la randonnée dans les montagnes proches de son domicile, à Sion. Elle adorait son métier d’éducatrice en santé bucco-dentaire au sein des écoles primaires. «Je travaillais avec une super équipe, j’étais autonome, souvent sur la route pour me rendre dans les différents centres scolaires du canton.» Seulement, en janvier 2022, juste après s’être fait vacciner, Floriane Debons est infectée par le Covid-19 et passe une semaine alitée.
Deux ans d’attente pour le diagnostic
Les mois passent et la quinquagénaire sent un changement dans son corps. «J’étais toujours essoufflée. Et il y avait cette fatigue terrassante, accompagnée d’une sensation de ‟brouillard mental”.» Mais Floriane Debons poursuit sa vie malgré l’impossibilité, parfois, de marcher normalement ou, a fortiori, de pratiquer le moindre sport. Elle ne s’écoute pas. «J’élève mon fils seule et je n’ai personne sur qui m’appuyer. J’ai donc l’habitude de fonctionner en mode ‟survie”.» Finalement, quelques mois plus tard, elle finit par consulter après avoir fait plusieurs malaises. Un burn-out est diagnostiqué. «J’étais convaincue que c’était faux : je sentais que mon problème était physique.» Dès que son niveau d’énergie le permet, elle entame alors des recherches et découvre que ses symptômes ressemblent à ceux du Covid long. Elle change ensuite de médecin à plusieurs reprises, tout en alternant périodes de travail et arrêts maladie. Ce n’est qu’au début de l’année 2024, après avoir été orientée vers la consultation post-Covid de l’Hôpital de Martigny, qu’une série d’examens confirme ses soupçons.
«Cela a été à la fois une claque et un soulagement, celui de comprendre enfin ce dont je souffrais.» Car pendant des mois, Floriane Debons a dû affronter une forte incompréhension, tant dans son entourage privé que professionnel. «Tout le monde me disait que je devais me secouer, que mes symptômes étaient imaginaires. Cela m’a isolée.» Une fois le bon diagnostic posé, elle bénéficie de plusieurs traitements, incluant de la physiothérapie pulmonaire, et d’un séjour à la Clinique lucernoise de Montana, où elle découvre diverses techniques de gestion de l’énergie. Une amélioration se fait sentir, mais elle est partielle. Ses symptômes reviennent par vagues et une nouvelle épreuve surgit : Floriane Debons est licenciée. Les difficultés financières s’accumulent alors. «Aujourd’hui, mon budget est réduit à peau de chagrin, aucune institution ne m’aide. Des thérapies me sont recommandées, mais je ne peux pas me les permettre. Je vis dans un stress permanent.»
Une prise en charge qui redonne de l’espoir
À cela se sont ajoutés de nouveaux symptômes : des sensations de décharges électriques et de l’anxiété. Un second diagnostic tombe : fibromyalgie. «La bonne nouvelle, c’est que certains médicaments que je prends désormais apaisent aussi mes symptômes du Covid long. Et, comme cette double pathologie complexifie mon cas, mon médecin m’a récemment mise en contact avec la consultation post-Covid des HUG.» Même si elle a encore peu de recul, Floriane Debons est très satisfaite de cette prise en charge globale qui comprend des tests d’effort, une consultation avec un ou une neurologue, un bilan sanguin, de la physiothérapie avec un ou une spécialiste du Covid-19, ainsi que de l’ergothérapie. «Après plusieurs années difficiles, cela me redonne de l’espoir. Mon but est de retrouver un travail et de m’en sortir. Ma vie ne sera plus jamais celle d’avant, mais je veux qu’elle soit belle.»
Covid long ou syndrome post-Covid : ces termes désignent des symptômes persistant plusieurs mois ou années après l’infection initiale. Les plus fréquents sont la fatigue, l’essoufflement, les troubles de la concentration ou les douleurs musculaires. Le Covid long affecte environ 5% des personnes infectées. Il peut survenir quel que soit l’âge et en l’absence de facteurs de risque. Il n’existe à l’heure actuelle pas de traitement. La prise en charge est axée sur le soulagement des symptômes et la réadaptation.
Texte:
- Geneviève Ruiz
Photos:
- Hervé Annen