La recherche du plaisir et sa satisfaction sont communes à toute l’humanité. En général, cette quête se déroule sans trop de dégâts pour soi ou les autres. Cependant, pour une minorité d’individus ayant une prédisposition, l’histoire d’amour tourne à l’obsession.
L’envie de récompense se mue en besoin impérieux, puis en automatismes difficiles à déjouer malgré la conscience des risques liés à la consommation du produit ou à la pratique compulsive. Quand le piège de l’addiction finit par se refermer sur sa victime, le centre de décision situé dans le cerveau n’a plus de pilote (lire le dossier Addictions).
Ce scénario de perte de contrôle doit peu au hasard et beaucoup à l’injustice à la fois biologique et sociale. Car nous ne sommes pas à égalité face aux substances ni aux vies qui nous y exposent. Les personnes qui ne sont pas touchées par ce fléau ne mesurent pas leur chance tant cette maladie chronique semble choisir ses proies.
Derrière le passage de l’usage occasionnel à l’addiction, on trouve un terrain génétique «favorable», mais aussi des inégalités en santé telles que stress chronique, précarité et expériences traumatisantes, en particulier durant l’enfance. Sachant cela, les quelque 15 à 20% de la population à risque de développer une addiction, et qui ne le savent pas forcément, ont droit à notre empathie.
Mais c’est oublier la ténacité des préjugés négatifs et du regard stigmatisant, poussant une partie des individus dans cette situation à cacher leur souffrance. Sans parler de la double peine des femmes prises en otage entre problème d’addiction et rôles sociaux traditionnels. Si la maladie se soigne de mieux en mieux, pour les personnes concernées, le défi réside ailleurs : sortir de la honte et du jugement pour oser en parler et demander de l’aide.
Texte:
- Suzy Soumaille
Photos:
- Bogsch & Bacco avec l’aide d’une IA










