Texte: 

  • Michael Balavoine

Photos: 

  • PanpanCucul

Comment se forme un souvenir dans notre mémoire ?

Les épines de nos souvenirs

Déguster une glace à la pistache, caresser un chaton, écouter de la musique, regarder un film…Comment ces moments passés deviennent-ils des souvenirs ? Les expériences vécues sont d’abord captées par nos sens (vue, ouïe, toucher, odorat). Puis, elles sont mémorisées par notre cerveau grâce à son réseau câblé de 100 milliards de cellules nerveuses, les neurones, reliées entre elles par des axones.

Très fortement connecté, chaque neurone « communique » avec des milliers d’autres, au moyen d’un courant électrique via un système de « prises ».

En effet, le neurone dispose de structures réceptrices, les dendrites, sur lesquelles sont réparties de nombreuses petites épines (les «prises»). L’endroit où a lieu l’échange d’information entre deux neurones est appelé une synapse. Chaque nouvelle expérience que nous vivons aboutit à la modification des connexions entre neurones. De nouvelles épines dendritiques apparaissent alors que d’autres disparaissent. C’est ainsi que le cerveau mémorise une expérience: à chaque souvenir – comme le goût de la pistache – correspond donc une série de nouvelles épines. Lorsqu’elles sont activées, on peut se remémorer une expérience passée… en passant devant la vitrine d’un glacier par exemple.

  • Les neurones sont des cellules nerveuses de formes variées évoquant celle d’un arbre avec ses embranchements et ses racines.
  • Les axones, sortes de minuscules câbles électriques, sont les branches qui relient les neurones entre eux.
  • Les dendrites sont les ramifications qui partent du noyau de la cellule et qui servent de point d’entrée de l’information dans le neurone.
  • Les épines dendritiques sont des « prises » où viennent se brancher les ramifications d’autres neurones.

Plusieurs mémoires

Qu’il soit plus tard gravé ou non dans nos souvenirs, chaque instant important de notre existence passe par différentes étapes.

1. La mémoire sensorielle (quelques fractions de seconde)

La première étape est la mémoire dite perceptive ou sensorielle. C’est elle qui nous permet d’avoir une perception continue de la réalité. Pour se souvenir de quelque chose, il faut l’avoir perçu ou pensé. En effet, une multitude d’informations nous parviennent sans que nous les enregistrions. Quand notre cerveau considère un son, une image, ou une sensation physique, cette perception entre automatiquement dans la mémoire sensorielle. Mais celle-ci ne dure qu’une seconde et l’on n’est généralement pas conscient de ce qu’elle contient. Si notre conscience se porte sur une perception, celle-ci entre alors dans la mémoire à court terme.

2. La mémoire à court terme ou de travail (quelques secondes à une minute)

Avec ce type de mémoire, une sensation est disponible et bien présente à notre esprit seulement pendant quelques secondes. Après ce délai, sans intervention de notre part, l’information disparaîtra. Il est toutefois possible de la traiter pour la comprendre, lui donner du sens, la répéter ou créer des liens avec d’autres souvenirs ou connaissances. En organisant ainsi son contenu, un certain nombre d’informations persisteront à long terme.

3. La mémoire à long terme (plus d’une minute)

La mémoire à long terme intervient très tôt lorsqu’il s’agit de se souvenir d’une information enregistrée il y a une minute ou plus. Sa capacité est illimitée. Elle intervient dans les apprentissages. Dans le meilleur des cas, ce type de mémoire peut durer toute la vie, même si le souvenir est infidèle: se remémorer quelque chose est toujours une reconstruction qui varie au cours du temps.

Bon à savoir

Trois facteurs pour bien mémoriser des événements à long terme :

  • Le sommeil : c’est pendant la nuit que se consolident les souvenirs. Bien dormir est donc important.
  • L’attention : être alerte et concentré améliore la mémorisation à long terme
  • La répétition : c’est hélas vrai. Plus on répète, mieux un souvenir s’inscrit dans le cerveau.

En partenariat avec : RTSdecouverte.ch

EXPERTS :

  • Dr Stéphane Pagès, collaborateur scientifique au département de neurosciences fondamentales de l’Université de Genève et chercheur au Centre Wyss du Campus Biotech.
  • Dr Christian Chicherio, neuropsychologue au Centre de la mémoire des HUG et chercheur associé au Centre interfacultaire de gérontologie et d’études des vulnérabilités (CIGEV) de l’Université de Genève.

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  • Michael Balavoine

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