Texte: 

  • Anne-Marie Trabichet

Photos: 

  • Nicolas Righetti | lundi13

Dans le secret des archives

Dans les sous-sols de l’hôpital se trouve un lieu que ne fréquentent ni les malades, ni les médecins, mais qui renferme leur histoire : les archives des HUG. Plongée au cœur d’une activité méconnue et pourtant essentielle.

Visiter les archives des HUG, c’est pénétrer dans un dédale d’armoires remplies de boîtes en carton, de dossiers suspendus et de volumes anciens. Sur treize kilomètres de rayonnages mobiles s’étalent les archives administratives, médicales et historiques de l’hôpital. «Nous sommes les archives institutionnelles des HUG, nous nous mettons donc au service de cette communauté en premier lieu. Nous collectons les dossiers médicaux, ceux du personnel, mais aussi les procès-verbaux des instances, les projets de grands travaux ou encore les brochures destinées au public», explique Anna Hug Buffo, archiviste principale.

Le passé au service du futur

Les archives répondent avant tout à des besoins internes ou à des exigences légales. Les dossiers médicaux, par exemple, sont conservés durant vingt ans après la dernière consultation, voire plus pour certaines spécialités, et chaque patiente ou patient a le droit de consulter son dossier. Les archives administratives, comme la comptabilité ou les dossiers du personnel, sont stockées pendant dix ans. Mais de plus en plus de documents sont dorénavant numérisés, ce qui représente à la fois un progrès et un défi, car les supports évoluent très vite. Quand aucune raison légale ou administrative ne s’applique, c’est la question historique qui entre en jeu. C’est ainsi que se trouve, à l’abri des rayonnages gris, le tout premier procès-verbal de la commission administrative en 1847, soit avant même l’ouverture de l’Hôpital cantonal en 1856. Ce genre de document est archivé pour toujours. «C’est primordial pour comprendre l’évolution de l’hôpital. Notre tâche est de collecter ce qui pourra être utile pour de futures recherches historiques. Nous regardons le passé pour préparer le futur», commente l’archiviste.

Écrire l’histoire de la santé publique

Il arrive ainsi de temps en temps qu’une demande externe atterrisse sur le bureau de l’archiviste, celle d’un ou une chercheuse en histoire de la médecine, par exemple. Les archives pourraient-elles fournir des réponses du passé à une question actuelle, comme celle du Covid-19 ? «Nous avons recherché ce qui s’était dit à l’hôpital pendant l’épidémie de grippe espagnole de 1918. Mais dans les procès-verbaux de la commission administrative, le plus gros problème abordé était l’absentéisme du personnel, ce qui est logique, puisqu’il s’agit de la vie de l’institution», raconte Anna Hug Buffo.

Les archives sont des témoins, des images objectives de la gestion d’une institution ou du traitement médical à une époque donnée. Si elles ne suffisent pas, à elles seules, à nous révéler les secrets du passé, elles en sont la condition sine qua non, selon l’archiviste : «Ce n’est pas nous qui écrivons l’histoire de la santé publique, mais nous détenons les pièces du puzzle pour qu’elle puisse être explorée.»

Témoignage

«L’efficacité des archivistes me permet de faire mon travail»

«Je travaille quotidiennement avec les archives centrales, car c’est là que sont gardés pendant dix ans les dossiers des collaboratrices et collaborateurs des HUG. L’hôpital est un très gros employeur, il y a tous types de contrats, y compris des stagiaires. Lorsqu’une personne est réengagée, parfois plusieurs années plus tard, il faut ressortir son dossier. Plus il y a de mouvements de personnel, plus il y a de travail. L’efficacité des archivistes me permet de faire mon travail.»

Fahima El Messaï, Direction des ressources humaines, HUG

Témoignage

«Parfois je tombe sur des documents émouvants»

«J’ai fait appel aux archives de l’hôpital dans le cadre de mes projets de recherche, comme lorsque je préparais un livre sur l’histoire de la Maternité de Genève. J’y recherche avant tout des comptes rendus de séances administratives qui renseignent sur des décisions importantes. Mais parfois, je tombe sur des documents plus émouvants, comme cette correspondance adressée à la directrice de la Maternité dans les années 1880-1890 : des lettres de remerciements de la part de femmes isolées ou célibataires, parce que c’étaient principalement elles, à l’époque, qui accouchaient à la Maternité.»

Philip Rieder, historien de la médecine à l’Université de Genève

Témoignage

«Nous conservons encore beaucoup de documents en format papier»

«Je travaille au centre de transfusion sanguine de l’hôpital. Nous avons une autorisation d’exploitation délivrée par Swissmedic pour le prélèvement de sang. C’est donc un contexte légal très strict, notamment en matière d’archivage, et nous manipulons encore beaucoup de documents en format papier. Notre collaboration avec les archives des HUG est précieuse. Par exemple, lors d’un audit, il nous a été demandé de retrouver un questionnaire d’aptitude au don datant du 5 juin 1991. Nous avons sollicité les archives et le questionnaire a été trouvé en deux heures.»

Coralie Chaduc Lemoine, Centre de transfusion sanguine, HUG

Reportage archive
Collaboratrice dans les archives
Photo d'archive
Photo d'un cours à l'amphithéâtre de chirurgie 

Photo d'un cours à l'amphithéâtre de chirurgie

album retraçant les années 1900-1940

extraite de l'album retraçant les années 1900-1940

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  • Anne-Marie Trabichet

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  • Nicolas Righetti | lundi13
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