Texte: 

  • Yseult Théraulaz

Photos: 

  • Louis Brisset

Des moments privilégiés loin de la maladie

Hypnose, massage, shiatsu et autres approches complémentaires sont proposés aux patient-es hospitalisé-es à Bellerive et à Joli-Mont. Une offre dispensée par les thérapeutes du Centre Otium, spécialisé dans l’amélioration de la qualité de vie des personnes atteintes d’un cancer.

Séjourner dans une unité de soins palliatifs n’est pas incompatible avec des instants de détente, de jolies mains manucurées ou encore une séance de réflexologie. Bien au contraire, ces thérapies complémentaires apportent un moment d’évasion précieux. C’est dans cette optique que, quatre demi-journées par semaine, les thérapeutes du Centre Otium font le déplacement à Bellerive et Joli-Mont pour prodiguer des soins à celles et ceux qui le souhaitent. Cette fondation, créée par Linda Kamal, a pour vocation d’améliorer la qualité de vie des personnes atteintes d’un cancer. « Une fois qu’un patient se retrouve à l’hôpital, il n’a plus accès aux soins complémentaires comme il en avait en ambulatoire. Grâce au soutien financier de la Fondation privée des HUG, les thérapeutes d’Otium peuvent consacrer une heure entière à la personne hospitalisée. Ce service ne coûte rien aux patients », explique la Pre Sophie Pautex, médecin-cheffe au Service de médecine palliative des HUG. Parmi les thérapies proposées, la sophrologie, la réflexologie, les massages, l’hypnose et les soins esthétiques.

Oublier un peu l’hôpital

La Pre Pautex constate à quel point la venue des thérapeutes est appréciée : « Les personnes oublient qu’elles se trouvent à l’hôpital. Être traité par quelqu’un ne faisant pas partie du personnel soignant habituel et qui n’est donc pas celui ou celle qui les pique est un atout indéniable. Les thérapeutes d’Otium sont des professionnels de confiance qui ont l’habitude de travailler avec des personnes souffrant d’un cancer. »

Même satisfaction de la part du personnel soignant. Cécile Antonakios, infirmière responsable d’équipe de soins à Bellerive, explique : « Je constate une détente complète chez les patients. Les avantages sont autant psychiques que physiques. Récemment, une patiente qui avait un torticolis persistant, l’empêchant d’adopter une posture naturelle, a bénéficié d’un massage. Après une heure, sa nuque était complètement relâchée. » Et Stéphanie Razafindranaly, infirmière responsable d’équipe de soins à Joli-Mont, de conclure : « Quel que soit l’outil utilisé, sophrologie, hypnose ou autre, l’objectif est toujours le même, offrir un moment agréable à la personne hospitalisée, loin de la maladie. Les patients retrouvent le sourire. »

Une fenêtre de normalité

Caroline Matthey-Jonais s’occupe de massages, drainages lymphatiques et réflexologie à Bellerive et Joli-Mont. Elle avoue avoir ressenti une légère appréhension à l’idée de prodiguer ses soins dans une unité de soins palliatifs : « En arrivant, je me suis sentie un peu perdue dans cet environnement hospitalier. J’avais peur de déranger. Quand on parle de soins palliatifs, on a souvent une image déprimante, associée à tort à celle d’un mouroir, alors que la vie est là jusqu’au bout. C’est aussi un lieu de sérénité, loin d’un monde trop rapide. Les personnes que j’ai traitées apprécient le soulagement que je leur procure, mais aussi et surtout, cette fenêtre de normalité dans leur vie offerte par des soins que toute personne bien portante peut désirer. Sans oublier ce moment de dialogue avec une personne extérieure. »

Amandine Gourmaud, esthéticienne, a elle aussi constaté un réel bénéficie tant pour les personnes hospitalisées que pour leurs proches : « Les familles sont apaisées de voir que nous prenons soin de leur mari, femme, parent… Il arrive aussi que nous prenions soin d’elles et alors, les patients sont à leur tour soulagés de voir leurs proches détendus. » Vernis à ongles, épilations et soins « qui redonnent le sourire » font partie des demandes les plus courantes. « Les journées sont longues, alors avoir un joli vernis, les jambes épilées, la peau douce, rappelle par exemple aux patientes qu’elles sont des femmes et qu’elles sont belles même à l’hôpital », conclut Amandine Gourmaud.
 

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  • Yseult Théraulaz

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