Une nouvelle technique utilisant des ultrasons présente une grande efficacité dans le traitement des personnes atteintes de tremblements essentiels ou de la maladie de Parkinson. Les HUG sont le seul centre en Suisse romande à proposer cette alternative novatrice.
C’est une renaissance. Les tremblements qui empoisonnaient ma vie au quotidien se sont envolés en quelques minutes. Je suis ravie d’avoir pu retrouver des gestes anodins, comme le plaisir d’écrire, de faire de la couture, du piano… » C’est ainsi que Françoise, 80 ans, revient sur ce traitement qui a changé sa vie. Atteinte de tremblements dits «essentiels», elle fait partie de la dizaine de personnes ayant bénéficié des ultrasons focalisés aux HUG depuis 2021. Cette technologie novatrice en Suisse vise à diminuer – voire à faire disparaître – les tremblements survenant dans un contexte de maladie neurologique, telle que la maladie de Parkinson, ceux dits essentiels ou d’autres formes plus rares.
Une technique innovante
Tout se déroule en quelques heures dans une salle d’examen IRM. Un casque est placé au-dessus de la tête, elle-même fixée dans un cadre de maintien pour assurer son immobilité totale. Le casque ultrasons émet des faisceaux convergeant en un point stratégique du cerveau, créant une microlésion de quelques millimètres qui provoque une interruption du circuit anormal hyperactif à l’origine des tremblements. « Le guidage par IRM nous permet de doser en temps réel la puissance du faisceau et de cibler rapidement le point visé. Cette grande précision entraîne un résultat immédiat sur les symptômes », détaille le Rares Salomir, physicien au Service de radiologie.
Jusqu’à présent, le traitement des tremblements essentiels ou dans le contexte d’une maladie de Parkinson s’effectuait principalement au moyen de médicaments ou par stimulation cérébrale profonde, via des électrodes implantées dans le cerveau. L’utilisation des ultrasons est donc une alternative non invasive intéressante pour améliorer le confort et réduire la durée d’hospitalisation.
En outre, l’efficacité de cette intervention est supérieure à celle des autres traitements, médicamenteux notamment. « Nous observons entre 60 et 80 % d’amélioration du tremblement essentiel, de façon durable, avec un vrai gain sur la qualité de vie », constate la Dre Vanessa Fleury, neurologue.
Quelques effets secondaires postopératoires liés à l’inflammation autour de la lésion peuvent parfois survenir et provoquer par exemple des troubles de l’équilibre ou une diminution de la sensibilité aux extrémités. Mais ils disparaissent généralement rapidement.
Certaines contre-indications existent. Chez les personnes sous anticoagulants, présentant des lésions intracrâniennes comme des anévrismes ou une densité crânienne (épaisseur osseuse) inadéquate, d’autres traitements sont privilégiés. Ces paramètres sont évalués lors d’une consultation préalable.
Une piste pour traiter d’autres symptômes
Révolutionnaire et porteuse d’espoir dans le cas de tremblements réfractaires aux autres traitements, la technologie des ultrasons focalisés, encore peu utilisée, devrait s’imposer dans les années à venir comme une alternative de choix pour le tremblement essentiel.
Du côté de la recherche sur les traitements de la maladie de Parkinson, elle ouvre également des perspectives intéressantes. « Des équipes tentent actuellement de viser de nouvelles cibles cérébrales avec ces ultrasons. Le rapport bénéfice-risque doit encore être mis en évidence, mais nous pourrons peut-être bientôt traiter d’autres symptômes de la maladie de Parkinson, comme l’akinésie (diminution et lenteur des mouvements) et la rigidité, ou encore les contractions musculaires (dystonie), grâce à cette technologie prometteuse », espère le Pr Shahan Momjian, médecin adjoint agrégé au Service de neurochirurgie.
Différents types de tremblements
Maladie neurologique fréquente, le tremblement essentiel se caractérise par des mouvements involontaires et incontrôlables d’une partie du corps (surtout mains, menton, cou, tête) pouvant entraîner un handicap social. La cause reste inconnue, mais un facteur génétique est suspecté. Si ces mouvements peuvent survenir à toute période de la vie, ils augmentent significativement avec l’âge. Environ 3 % des plus de 80 ans sont ainsi concernés. Le tremblement essentiel est à distinguer de celui survenant dans un contexte de maladie de Parkinson, un symptôme relevé chez environ 75 % des malades.
Le casque ultrasons émet des faisceaux convergeant en un point stratégique du cerveau.
Texte:
- Clémentine Fitaire
Photos:
- Louis Brisset