Le Centre du cancer colorectal a mis en place un dépistage systématique de la souffrance psycho-oncologique des patientes et patients qu’il prend en charge. L’objectif : proposer au plus tôt une aide adaptée.
Lors des consultations se déroulant au Centre du cancer colorectal, la question est désormais systématique : «Comment vous sentez vous ? » Sur le modèle de «l’échelle de la douleur», l’ensemble de l’équipe soignante se renseigne, via une échelle allant de 0 à 10, sur l’état de santé psychologique de ses patients et patientes.
Cet outil est appelé «Thermomètre de la détresse psycho-oncologique». «Si leur réponse est supérieure ou égale à 4, nous proposons une consultation avec la psychooncologue du centre ou avec un ou une médecin psychiatre du Service de psychiatrie de liaison et d’intervention de crise», indique le Dr Thibaud Kössler, médecin adjoint agrégé au Service d’oncologie et responsable de l’Unité des tumeurs digestives.
Lorsque son cancer colorectal a été diagnostiqué, Maud a rencontré Marta Vitale, psychologue au Service d’oncologie. «L’annonce et les traitements qui ont suivi ont été d’une telle violence que je ne voyais pas comment faire sans son aide. J’avais besoin d’une professionnelle à mes côtés», se souvient la trentenaire. La proposition d’une prise en charge de la détresse psychique peut aussi se révéler nécessaire plus tard. «L’essentiel reste d’informer tous les patients et patientes de l’existence de cette consultation dans le service. Les personnes concernées peuvent me solliciter à n’importe quel moment de la prise en charge. Je suis là et je m’adapte», explique Marta Vitale. «J’ai vu la psycho-oncologue en fonction de mes souhaits et de mes besoins, souvent avant et après un rendez-vous médical décisif ou à la fin d’une chimiothérapie. Ses mots et son soutien m’ont beaucoup apporté», confirme Maud.
Du temps d’écoute
Le premier contact est particulièrement important. «Le lien créé doit permettre à la personne de se repérer un peu plus facilement dans son monde bouleversé par l’irruption de la maladie», poursuit la psychologue. Ensuite vient le temps de l’exploration. Marta Vitale apporte un espace de parole essentiel, d’autant plus important que la patientèle du centre est de plus en plus jeune, avec des problématiques bien spécifiques (enfants, emploi, etc.).
La prise en charge psychologique proposée par le Service d’oncologie repose notamment sur la prise en compte de la personne dans sa globalité et dans ce qu’elle a d’unique, sans la réduire à sa maladie. L’un des enjeux est également de l’aider à être le moins possible dans l’attente, souvent éprouvante, des résultats des examens réalisés. «Pour cela, il est important de travailler sur les ressources permettant de se maintenir dans l’action. L’idée est que la personne ait conscience qu’elle possède les capacités de participer activement à sa santé. L’accompagnement vise à l’aider à chercher ce qui lui fait du bien : il n’y a pas que les médicaments et les traitements pour aller mieux», estime Marta Vitale.
Des bienfaits variés
Synonyme d’un accompagnement global de la maladie, cette prise en charge améliorerait l’adhésion au traitement, la combativité et, plus largement, le vécu de la maladie. La présence de la psycho-oncologue apporte par ailleurs un regard différent sur les patients et patientes lors des séances pluridisciplinaires. «Son retour d’informations est souvent essentiel pour voir les personnes concernées sous un autre jour et ainsi pouvoir adapter, toujours au mieux et ensemble, nos propositions de traitement», conclut l’oncologue.
L’importance d’une approche globale
Soigner le cancer, un défi médical ? Oui, mais pas seulement. «Je rappelle souvent aux patients et patientes que la prise en charge oncologique repose sur quatre piliers. Il y a bien sûr les traitements médicaux, mais aussi la nutrition, l’activité physique adaptée et l’attention portée au mental. Tous sont essentiels pour une prise en charge efficiente et une amélioration globale de la qualité des soins proposés», souligne le Dr Thibaud Kössler, médecin adjoint agrégé au Service d’oncologie et responsable de l’Unité des tumeurs digestives.
Texte:
- Clémence Lamirand
Photos:
- Sébastien Thibault










