Texte: 

  • Stéphany Gardier

Photos: 

  • Bogsch & Bacco

En crise existentielle, moi ?

La crise dite «de milieu de vie» n’est pas incontournable et, surtout, il existe des moyens pour traverser plus sereinement cette période de transition. Conseils à l’intention des quadragénaires, mais pas seulement.

Une motivation en berne, l’impression que les meilleures choses appartiennent au passé ou, au contraire, l’envie de tout transformer dans votre vie : et si vous traversiez la fameuse «crise de milieu de vie» ? «Seuls 10 à 20% des personnes âgées de 40 à 50 ans environ seraient concernées. Mais, un peu comme à l’adolescence, il y a des transitions plus ou moins «bruyantes» et les manifestations peuvent être assez diverses selon les cas. Par ailleurs, avec l’augmentation de l’espérance de vie, cette crise peut survenir plus tard, jusque dans la soixantaine», nuance Béatrice Weber, psychologue au Service des spécialités psychiatriques.

Remise en question

Si tout le monde sait que le corps change avec les années, c’est une autre chose de le constater sur soi-même et de faire la liste de tout ce qui semble fonctionner moins bien ou nécessiter plus d’efforts. Chez les femmes, les bouleversements hormonaux liés à la périménopause et à la ménopause peuvent avoir des conséquences sur la régulation de l’humeur. Côté masculin, la diminution, plus progressive, de la testostérone est aussi susceptible de contribuer, chez certains, à une vulnérabilité psychique. «C’est aussi l’âge auquel surviennent parfois les premiers gros problèmes de santé. Un cancer ou un infarctus du myocarde, par exemple, nous confrontent brusquement à notre propre finitude. Cela peut faire surgir une urgence et provoquer une remise en question de toute notre existence», décrit Béatrice Weber.

À cela s’ajoutent des enjeux familiaux susceptibles de contribuer à une certaine perte de repères. Pris entre des parents dont l’autonomie décroît et des enfants qui s’émancipent, il n’est pas toujours aisé de savoir où est sa place. «Celles et ceux qui ont beaucoup misé sur leur rôle de parent sont plus à risque de mal vivre le départ de leurs enfants et d’avoir le sentiment de ne plus servir à grand-chose. Le moment de la retraite ou simplement l’impression de “plafonner” dans son emploi peuvent avoir le même effet chez les personnes très investies dans leur travail. Mais l’impact de ces changements est différent selon notre capacité de résilience : nous ne sommes pas à égalité face à ces phases de transition», souligne l’experte.

Éviter l’anticipation anxieuse

Se préparer à ces échéances de vie peut amortir leur impact. Béatrice Weber précise : «Il ne faut pas que cette préparation soit une anticipation anxieuse. L’idée est plutôt de contempler ce qui nous attend, de se projeter dans cet “après” pour voir aussi les bonnes choses qu’il peut apporter et essayer de trouver des solutions pour ce qui semble vraiment insurmontable. Si vous ne vous sentez pas capable de devoir un jour assister vos parents au quotidien, mieux vaut l’admettre et faire le tour des alternatives possibles.»

La psychologue invite également à s’octroyer des points d’étape pour faire le bilan de ses besoins et vérifier l’adéquation avec son mode de vie. «Se rendre compte à 40, 50 ou 60 ans que nous avons négligé nos valeurs et nos envies profondes génère une forte frustration. Or, c’est cela qui nourrit l’envie soudaine de tout envoyer balader… un phénomène assez typique de ces crises. Se questionner est sain, mais je conseille de considérer aussi les conséquences des choix qui peuvent en découler sur l’entourage et de voir si des décisions moins radicales ne sont pas envisageables», explique la thérapeute. Ainsi, au lieu de démissionner par exemple, pourquoi ne pas mettre un peu moins d’énergie dans son travail et s’investir dans un projet personnel qui a du sens ?

Oser en parler

Échanger avec des amis ou participer à des activités avec des personnes du même âge permet de partager ses problèmes, mais aussi de trouver des solutions. «Ce n’est pas parce que ces crises sont banalisées qu’il faut s’isoler avec sa souffrance. Si des symptômes gênent le quotidien ou ont un retentissement sur les proches, il ne faut pas hésiter à consulter. Il existe des thérapies brèves qui, en un nombre limité de séances centrées sur ces difficultés, peuvent aider à les surmonter», insiste Béatrice Weber, psychologue au Service des spécialités psychiatriques.

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