L’Unité de neuro-otologie vient en aide aux personnes souffrant de problèmes vestibulaires à l’origine de symptômes parfois invalidants touchant l’équilibre.
Marcher sur un sol accidenté ou instable, garder une vision nette tout en se déplaçant sont des actions que la plupart des gens font sans difficulté. Toutefois, celles et ceux qui souffrent d’un dysfonctionnement vestibulaire sont très rapidement gênés par ces activités du quotidien. « Le vestibule est une partie de l’oreille interne qui fonctionne comme un capteur de mouvement. Il permet notamment de maintenir la position du corps et de stabiliser le regard pendant la marche. Ainsi, ce que nous voyons est net, bien que nous soyons en mouvement », explique le Dr Nils Guinand, responsable de l’Unité de neuro-otologie.
Lorsque ce système ne fonctionne plus correctement, les personnes sont notamment sujettes à des vertiges et des pertes d’équilibre. « Les symptômes sont très désagréables, car la personne a l’impression de tanguer, en permanence ou lors de certains mouvements, un peu comme si elle était en état d’ébriété. Elle vit souvent mal cet état à cause de la gêne que cela occasionne au quotidien et parfois en raison du regard des autres », explique Jean-François Cugnot, physiothérapeute au Département des neurosciences cliniques.
Des séances de physiothérapie spécifiques au système vestibulaire rétablissent un certain équilibre entre les différents moyens qu’utilise le corps pour gérer sa position dans l’espace. « Le vestibule joue un rôle dans l'équilibre en donnant des informations sur la position et les mouvements de la tête. La vision fournit des renseignements sur l’environnement. Enfin, la proprioception est la faculté que nous avons de percevoir notre corps grâce à des capteurs situés dans nos muscles, nos articulations, ainsi que dans la peau. Toutes ces informations sont gérées par le système nerveux central. Lors d’un dysfonctionnement vestibulaire, il y a une désorganisation sensorielle que la physiothérapie peut rééquilibrer », conclut le Dr Guinand.
« Marcher seule au bord du lac m’était impossible »
Jean-François Cugnot, physiothérapeute, dispose de plusieurs outils : une chaise tournant à 360°, une cabine dans laquelle le sol ou l’environnement peuvent bouger (la personne traitée s’y tient debout sécurisée par un harnais), un casque de réalité virtuelle, entre autres. Philippe a particulièrement apprécié le travail du physiothérapeute : « Ses séances ont été salvatrices. Il a mis des mots sur ce que je ressentais et m’a indiqué des exercices qu’il a sans cesse adaptés en fonction de mes besoins. Après trois mois, la majorité de mes symptômes avaient disparu. » Le quinquagénaire, victime d’un grave accident, tombait constamment et souffrait de vertiges persistants.
Même constat pour Éloïse : « Marcher seule au bord du lac m’était impossible. Le soleil, l’irrégularité des dalles, le mouvement de l’eau : tout me déstabilisait. Je tombais sans cesse. » Elle arrive désormais à se promener seule dans les rues.
Pour Anne, mère de Camille, 6 ans, la physiothérapie vestibulaire a également été d’un grand secours : suite à une maladie, les deux vestibules de sa fillette ne fonctionnent presque pas. « Jean-François Cugnot lui propose des exercices adaptés à son âge et aux jeux qu’elle fait à l’école. Ces derniers aident Camille à fixer son regard, compensant ainsi son déficit au niveau de l’oreille interne lorsqu’elle se déplace. Elle apprend comment sentir ses mouvements avec ses yeux et son corps. »
Cristaux et autres causes
Les causes d’un déficit du système vestibulaire sont diverses (virale, traumatique, génétique, etc.). Des cristaux de carbonate de calcium peuvent se déplacer dans l’oreille interne. Les personnes présentent alors des vertiges brefs qui sont déclenchés par un mouvement. Le ou la spécialiste ORL cherchera à les repositionner en indiquant des mouvements spécifiques à effectuer. La physiothérapie vient en renfort dans les cas de déficit vestibulaire bilatéral, dû par exemple au vieillissement, ou dans le cas de PPPD (persistent perceptual postural dizziness), où l’instabilité chronique prédomine.
Texte:
- Yseult Théraulaz
Photos:
- Fred Merz | lundi 13