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  • Laetitia Grimaldi

Photos: 

  • François Wavre | lundi 13

«Face à l’adversité, j’ai appris à regarder loin devant»

Après dix-huit années aux HUG, d’abord en tant qu’adjointe responsable des achats et de la distribution de la pharmacie centrale puis à la direction médicale, Nathalie Vernaz-Hegi est devenue la nouvelle pharmacienne cantonale en novembre dernier.

Pulsations Gestion d’officines, missions humanitaires, pharmacienne hospitalière, MBA en sciences économiques, responsable d’enseignement sur le système de santé… la richesse de votre parcours semblait vous prédestiner à la mission de pharmacienne cantonale. 
Nathalie Vernaz-Hegi J’avoue que c’est ce que je me suis dit en découvrant le descriptif du poste. Celui-ci se libérait en raison du départ à la retraite de mon prédécesseur, Christian Robert. J’ai beaucoup réfléchi avant de postuler, au vu de l’ampleur de la tâche et parce que j’étais très heureuse aux HUG, mais je me suis dit que c’était le genre d’opportunité qui ne se présente qu’une fois dans une vie.

Pouvez-vous nous rappeler les rôles clés du Service de la pharmacienne cantonale?
Il constitue l’autorité cantonale compétente pour veiller à l’application des textes de loi relatifs aux produits thérapeutiques (les médicaments), stupéfiants et chimiques (les gels hydroalcooliques, par exemple). Il exerce également une surveillance sur les professions de la santé soumises à autorisation, telles que pharmaciens, droguistes, spécialistes en analyses médicales, optométristes et opticiens, ainsi que sur les institutions de santé. Il est par ailleurs investi au niveau de la Commission cantonale d’éthique de la recherche.

Pandémie oblige, deux heures après votre prise de fonction, vous gériez l’urgence de la mise en place des tests antigéniques rapides dans le canton. Comment avez-vous vécu cette immersion dans le feu de l’action?
J’y étais préparée puisque depuis plusieurs mois déjà, dans le cadre de mon poste aux HUG, j’étais mobilisée par la pandémie, tant au niveau de mes fonctions au sein de la direction médicale que pour le dépistage et le soutien aux malades hospitalisés. Il m’est rapidement apparu que j’allais pouvoir mettre à profit mes expériences d’achat et de distribution à la pharmacie de l’hôpital. Et pour cause, mes premières missions en tant que pharmacienne cantonale ont surtout reposé sur un immense défi logistique pour la mise en place des tests antigéniques rapides et la campagne de vaccination.

Un défi logistique et… forcément humain: comment se sont organisées vos tâches au sein de l’équipe en place?
Le degré d’urgence lié à la pandémie a rendu les interactions immédiatement efficaces et positives, avec l’idée que nous étions toutes et tous dans le même bateau. Cette dynamique valait au sein du Service ainsi qu’au Comité stratégique de la Direction générale de la santé (DGS), dont fait partie Aglaé Tardin, la médecin cantonale. Et puis il y a eu les interactions avec les autres services de la DGS et les partenaires extérieurs, les centres de vaccination par exemple. Cela a engendré des séances régulières à distance, très appréciées pour beaucoup. Elles représentaient à la fois des enjeux stratégiques et opérationnels, mais également des temps d’échange précieux dans les moments plus difficiles. 

Ils ont été nombreux dans un contexte si exceptionnel. Comment y faire face?
L’unité et la confiance au sein du service lui-même et d’une institution comme la DGS tiennent pour beaucoup quand le défi est d’une telle ampleur. D’un point de vue individuel, le travail et l’état d’esprit sont forcément déterminants. J’ai la chance d’avoir une bonne résistance au stress et j’avance depuis toujours avec l’idée que même si on ne peut tout maîtriser, l’action reste possible. Face à l’adversité, j’ai appris à regarder loin devant et à tout donner.

Vous imaginiez-vous endosser un jour de telles responsabilités?
Comme souvent, mon parcours résulte d’intérêts personnels, de rencontres et du hasard. Pourquoi les médicaments? Cela remonte sans doute à l’enfance: nous étions cinq frères et sœurs, avec chacun des rôles bien définis. L’un des miens était d’aller à la pharmacie. C’est un univers dans lequel je me sentais bien. Et puis il y a eu les missions humanitaires, qui m’ont donné des clés précieuses pour mieux comprendre le monde, et l’hôpital, où j’ai énormément appris. J’ai aussi longtemps pratiqué la compétition de patinage artistique. Une belle école pour se dépasser et apprendre à se relever, travailler sans jamais se décourager. Cela me guide encore aujourd’hui.
 

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