Texte: 

  • Clémentine Fitaire

Photos: 

  • Candice Banfi

Famille recomposée, un défi

Quelque 6 % des enfants vivent dans une famille dite «recomposée»*. Comment faire pour que l’harmonie règne au mieux dans ces nouveaux schémas familiaux ? Quelques conseils.

Prendre le temps

Pour que les relations dans une famille recomposée soient bonnes, il est nécessaire de laisser chacun et chacune intégrer les changements à son rythme. Alors que le couple a eu le temps de mûrir la conception du nouveau schéma familial, les enfants ont, quant à eux, besoin de plus de temps pour trouver leur place.

La famille recomposée fait entrer dans la vie de chaque membre une multitude de nouvelles affiliations : belle-mère, beau-père, nouveaux grands-parents, cousins et cousines… Autant de nouveaux liens sociaux devant être apprivoisés. Les enfants doivent néanmoins «pouvoir rester en contact régulier avec les deux familles d’origine», conseille la Dre Katharina Auberjonois, médecin adjointe à la consultation psychothérapeutique pour familles et couples.

Être juste

Le nouveau couple devra s’ajuster sur le modèle éducatif qu’il souhaite promouvoir, sans faire de distinction. «Il faudrait veiller à ne pas privilégier systématiquement vos propres enfants à ceux de l’autre. Soyez à l’écoute des inquiétudes de chacun et chacune», souligne ainsi la Dre Auberjonois. Cependant, cela ne signifie pas que la nature du lien est identique. Si les premières personnes concernées par l’éducation de l’enfant restent bien sûr ses parents biologiques, la ou le nouveau partenaire exerce une fonction éducative et est légitime en tant que figure d’autorité. 

Enfin, l’égalité dans la fratrie relève aussi du lieu de vie. Idéalement, chaque enfant devrait bénéficier d’un espace d’intimité équivalent (chambre individuelle ou partagée), que sa présence dans le foyer soit régulière ou occasionnelle.

Créer des rituels

Routines et rituels permettent de développer le sentiment d’appartenance, de créer des souvenirs et de renforcer l’unité familiale. «Par exemple, des repas réguliers, le partage d’une promenade le dimanche ou un jeu de société une fois par semaine offrent la possibilité de se connecter avec ses propres enfants et celles et ceux de l’autre», note la Dre Auberjonois. Des moments privilégiés réguliers, en tête-à-tête avec votre enfant, sont aussi plus que bienvenus et ce, même lorsque l’harmonie familiale est trouvée.

Gérer les tensions

C’est la guerre froide à la maison ? Dans ce cas, il s’agit rapidement de désamorcer les conflits sous-jacents. En parlant déjà, pour exprimer ses ressentis, éviter les non-dits et trouver des ajustements. En faisant preuve d’empathie, aussi, en reconnaissant qu’il s’agit d’une situation complexe. «Il faut laisser la possibilité aux enfants d’exprimer leur mécontentement, sans pour autant tolérer les débordements émotionnels trop violents», conseille l’experte. Il en va de même avec les demi-frères et sœurs. Vous ne pouvez pas exiger que l’enfant aime instantanément les nouveaux membres de sa famille. «Par contre, on peut exiger qu’ils et elles se respectent», souligne la spécialiste.

Prendre sur soi

Que ce soit vis-à-vis de votre ex ou de l’ex de votre partenaire, il est important, en présence des enfants, d’adopter une attitude mesurée et pacifique. Ne pas critiquer le parent biologique, accepter les règles qu’il ou elle a établies, valoriser les moments qu’il ou elle passe avec son enfant… sont quelques-unes des règles à appliquer.

Le conflit post-conjugal, s’il existe, ne doit pas être affiché, au profit du respect de la coparentalité. «Nous serons toujours tes parents, ensemble pour toi», est une parole rassurante qui disposera davantage l’enfant à rencontrer le nouveau ou la nouvelle partenaire. «Il faut accepter que les enfants gardent longtemps dans leur cœur la "maison invisible" de leur famille originelle», conclut la Dre Auberjonois.

* Les familles en Suisse – Rapport statistique 2021, Office fédéral de la statistique.

Se faire accompagner

En cas de mésentente importante, de souffrance relationnelle ou de symptômes chez l’enfant (comportement oppositionnel, état dépressif, troubles alimentaires, etc.), un suivi thérapeutique individuel ou familial s’avère indiqué. Cela peut aider à désamorcer rapidement des situations qui pourraient entacher les liens sur le long terme.
 

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