Texte: 

  • Clémentine Fitaire

Photos: 

  • François Wavre | lundi13

« Il faut prendre soin de notre santé mentale »

Nommée secrétaire générale de l’association Pro Mente Sana à tout juste 32 ans, Daniela Camelo met aujourd’hui son énergie à faire reconnaître les droits des personnes atteintes dans leur santé mentale et à informer le grand public. Rencontre.

Pulsations L’association Pro Mente Sana vient de fêter ses 30 ans. Que retenez-vous de ces années écoulées ?

Daniela Camelo Pro Mente Sana est née de la volonté de défendre les droits et les intérêts des personnes atteintes dans leur santé psychique. Il y a toujours eu une dimension assez militante dans nos objectifs, ce qui, selon moi, la démarque vraiment des autres associations. Pro Mente Sana s’est peu à peu imposée comme une porte d’entrée vers des conseils juridiques et psychosociaux et un soutien à ces personnes, à leurs proches, ainsi qu’à ceux et celles travaillant dans le domaine de la santé et du social.

Il y a deux ans, vous avez lancé la revue Esprit(s). Était-ce une façon de toucher un plus large public ?

Nous avons toujours eu la volonté d’informer le grand public, de promouvoir la santé mentale. La revue Esprit(s) s’inscrit dans cet objectif en proposant des articles sur des thématiques variées et d’actualité. Mais ce travail d’information est également mené auprès des collectivités publiques, tant au niveau fédéral que cantonal. Nous avons par exemple récemment travaillé sur des pistes d’amélioration des curatelles avec les cantons de Vaud et de Genève.

Les cours du Collège de rétablissement, projet pilote novateur, s’inscrivent-ils aussi dans cette mission de promotion de la santé psychique ?

Absolument. Il y a trois ans, ce type d’initiative n’existait pas du tout en Suisse, contrairement aux pays anglo-saxons où cela est très développé. Ces cours, aux thématiques diverses, s’adressent à tout public et leur but est de donner des clés pour prendre soin de soi, développer son pouvoir d’agir et renforcer sa santé psychique. Leur particularité est d’être co-construits entre des personnes professionnelles, qui apportent un savoir théorique, et des personnes concernées par des fragilités psychiques, qui apportent leur expertise personnelle en lien avec leur vulnérabilité.

Quels sont les défis à relever pour les prochaines années ?

Le Covid a eu cela de positif qu’il a permis une prise de conscience de l’importance de la santé mentale. Nous devons poursuivre dans cette voie et intégrer l’idée que, comme nous le faisons pour notre corps physique, il faut prendre soin de notre santé mentale. L’un des chevaux de bataille de notre association est la question de la santé psychique au travail. Nous sommes dans une société assez maltraitante dans ce domaine. Chez une personne qui a déjà des troubles ou des vulnérabilités, certaines situations dans le milieu professionnel peuvent vraiment aggraver les choses. C’est donc un enjeu important.

Le sujet des placements à des fins d’assistance (PAFA) fait également partie de vos préoccupations. Pourquoi est-ce important ?

Nous sommes actuellement en Suisse face à des placements nombreux et parfois peu justifiés ou mal vécus par les personnes concernées, qui ressentent une véritable violence institutionnelle. Nous allons prochainement mettre en place une prise de position commune avec la Fondation Pro Mente Sana – qui s’occupe de la Suisse alémanique – afin de proposer des moyens permettant la diminution du nombre de PAFA.

Dans la même optique, vous tenez à faire bouger les lignes autour de la question de la contrainte en psychiatrie…

En effet, nous sommes en train de créer un observatoire romand de la contrainte en psychiatrie. Le but sera de documenter tout ce qui est réalisé au niveau des institutions autour de cette pratique, mais aussi d’amener des pistes de réflexion pour une vision plus large de la notion de contrainte. À terme, nous souhaitons que la Suisse respecte le plus possible les principes des droits humains inscrits dans la Convention des Nations Unies relative aux droits des personnes handicapées (CDPH).

Texte: 

  • Clémentine Fitaire

Photos: 

  • François Wavre | lundi13
Partager
En savoir plus

Mots clés: 

Autres articles