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  • Elodie Lavigne

Photos: 

  • François Wavre | lundi13

« J’ai appris que rien n’était donné »

Depuis le 1er octobre, la Pre Sophie de Seigneux dirige le Service de néphrologie et hypertension des HUG. Elle est la première femme, en Suisse, à avoir été nommée à ce poste dans un hôpital universitaire. Elle nous raconte son ascension à force de détermination et de courage.

Positive, dynamique, décidée. Trois adjectifs qui caractérisent la Pre Sophie De Seigneux, la nouvelle médecin-cheffe du Service de néphrologie et hypertension. Cette Genevoise aux origines iraniennes (par sa mère) aborde son parcours avec naturel et élégance. Petite, elle s’imagine devenir boulangère. Le milieu dans lequel elle grandit lui donnera finalement le goût des sciences. Son père, médecin généraliste, et sa mère, biologiste, sont très heureux lorsqu’elle s’inscrit en Faculté de médecine : « J’ai toujours voulu faire de la recherche tout en ayant un travail plus concret. »

Dès le début, ses études lui plaisent : « Je n’avais pas de connaissances médicales et il y avait beaucoup de choses à apprendre. Mais j’aimais le défi que cela représentait. » Très vite, en quatrième année déjà, elle choisit la néphrologie comme spécialité : « Le rein est selon moi l’organe le plus complexe du corps humain. Ce n’est pas qu’un filtre, il a en réalité plein de fonctions. » Cette discipline sera à la hauteur de ses attentes : « Je suis toujours aussi passionnée qu’au début de ma carrière, mais pas pour les mêmes raisons. Au départ, ce sont la physiopathologie du rein et les troubles électrolytiques (liés aux concentrations des minéraux dans le corps, tels que le sodium, le potassium, etc.) qui retenaient mon attention. Aujourd’hui, mon intérêt va davantage vers les maladies chroniques, immunologiques et également vers la transplantation. »

Détermination et courage

Dans son travail, dont elle apprécie l’aspect varié et très collaboratif, elle trouve son équilibre entre la clinique et la recherche : « J’ai besoin que ma semaine ne soit pas tout le temps pareille. Je trouve très stimulant de réfléchir à des projets, de rechercher des fonds, de mettre en place et suivre des études. Le suivi des patients et des patientes ainsi que la supervision des jeunes médecins m’apportent une stabilité et un sentiment d’utilité. Je suis heureuse de réaliser des choses concrètes pour les malades. » Lauréate de deux bourses du Fonds national suisse, la Pre De Seigneux mène des travaux sur la physiopathologie et le traitement des maladies rénales. « La recherche est un travail de longue haleine, semé d’obstacles et d’échecs. On apprend à les surmonter et à ne pas se décourager. Pour les scientifiques, ce courage est une qualité majeure. »

Recommencer et insister fait partie de son éducation : « J’ai appris que rien n’était donné et qu’il fallait beaucoup travailler pour obtenir ce qu’on souhaitait. » Sa détermination a d’ailleurs été récompensée par l’Académie suisse des sciences médicales qui, avec le Prix Stern-Gattiker, salue le rôle des femmes actives dans la médecine académique : « J’en suis fière et je suis très reconnaissante envers l’Université de Genève. Quand les journées sont longues et difficiles, c’est important d’y penser. » Elle l’admet, gravir les échelons sur le plan professionnel reste encore aujourd’hui un combat pour une femme : « Il faut affronter les a priori, mais aussi apprendre à vivre avec. C’est une lutte pour avancer et être soi-même. »

Forte de son travail et de ses ambitions, cette mère de deux enfants reconnaît avoir eu également beaucoup de chance : « J’ai le soutien de mon mari pour qui la place du père est importante. Il aime s’occuper de nos filles et être avec elles. C’est très difficile de faire carrière lorsqu’il n’y a pas ce partage. Et puis, nos deux familles sont à Genève et nous aident beaucoup. » Pour se ressourcer, elle aime passer du temps avec ses proches.

Depuis l’automne dernier, en plus de ses activités cliniques, d’enseignement et de recherche, elle dirige son service : « Ma nomination est récente et je ne connais pas encore tous les rouages. Mais j’apprécie la liberté qui m’est donnée. C’est l’occasion pour moi de développer le service et de réfléchir à comment s’améliorer dans notre discipline.» En tant que manager et professeure, conseiller les autres est une dimension qui lui tient à cœur : « Si on veut se lancer dans une carrière, il est important de trouver rapidement ce qui nous intéresse vraiment. Il faut savoir s’écouter et y aller. Cela nécessite du travail bien sûr, mais cela apporte du plaisir et du succès. »

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