La Dre Stéphane Couty est la secrétaire générale de la Fondation privée des HUG, qui soutient des projets visant à favoriser la qualité des soins et le confort des patientes et des patients et à faire avancer la science. Une passion pour la recherche et une attention à l’autre qu’elle marie avec un sens du pragmatisme indispensable. La Dre Stéphane Couty raconte son parcours, ses succès et sa résilience.
Elle revient tout juste d’une traversée de l’Atlantique à la voile qui l’a menée des Îles Canaries à la Martinique 24 jours durant. Un défi réalisé aux côtés de sept autres femmes concernées ou, comme elle, touchées par un cancer du sein. Mais la Dre Stéphane Couty n’a pas attendu sa maladie pour s’adonner à la voile, « le fil conducteur de sa vie », confie-t-elle. A 12 ans déjà, la Parisienne, qui passe ses étés au bord du Lac Léman, y prend goût en famille. Son père, pilote de ligne et commandant de bord chez Air France, valorise l’audace et l’indépendance de ses filles. Stéphane débute ainsi le vol-planeur, suivant les traces de son père. «Mais j’étais trop rêveuse!» Ce sera donc la voile. Côté études, elle tente le concours pour devenir ingénieur agronome. Elle réussit l’écrit, mais une soudaine pyélonéphrite la cloue au sol. Sur le point de prendre l’avion pour passer les épreuves orales, elle s’évanouit à l’aéroport. Le destin l’amène alors vers un autre cursus: la biologie cellulaire et moléculaire et la génétique humaine à Paris. Son attrait pour la région lémanique la ramène à Lausanne. Elle y poursuit ses études à l’université, où elle obtient un doctorat ès Sciences, puis un post-doctorat en génétique à l’Université de Genève.
Côté vie privée, elle donne naissance à sa fille. Une façon différente de contribuer à la recherche s’offre ensuite à elle. Ainsi, malgré sa deuxième grossesse, le doyen de la Faculté de médecine de l’UNIGE lui propose d’être adjointe scientifique. Elle pose ses pipettes, en menant de front la fin de son post-doc, son nouveau poste et sa vie de famille. «J’allais en séance avec mon fils sous le bras, ma mère à mes côtés. Quand on est plusieurs, ça se gère très bien», assure-t-elle. A la Faculté de médecine, elle enchaîne différents mandats pour dynamiser la recherche scientifique: création d’un des premiers Centres de recherche clinique de Suisse et d’un Welcome Center, pour attirer la crème des chercheurs et des chercheuses à Genève. En pleine problématique des quotas, elle travaille à la relève féminine dans le domaine académique et s’occupe des nominations professorales.
Ensemble, c’est tout
Créer des liens entre le monde de la recherche et la pratique clinique, mais surtout trouver des financements pour que des projets de recherche voient le jour, sans jamais oublier les patientes et les patients: telle est la mission de la Dre Stéphane Couty au sein de la Fondation privée. Un travail qui exige curiosité, droiture et transparence. «Et du courage pour oser dire les choses quand cela se passe mal», assume-t-elle. Pour cette scientifique, amener de nouvelles connaissances, c’est freiner autant que possible la maladie et donner accès à de nouveaux traitements.
La maladie, la Dre Stéphane Couty l’a côtoyée de près. Alors qu’elle est nommée à la tête de la Fondation privée, on lui découvre un double cancer du sein. C’est le choc. Une épreuve qui la force à revoir ses priorités, mais qui ne l’éloigne pas d’un travail qui l’a toujours «sauvée». Six mois plus tard, la vie s’acharne, elle perd son compagnon. Malgré la tristesse et la peur de la récidive de cancer, elle prend conscience de l’urgence de vivre. L’an dernier, elle se lance dans le défi fou de r’Ose Transat, «pour donner espoir et montrer qu’on est encore plus vivante après un cancer». Seules au milieu de l’immensité, unies par leur destin, les huit femmes se serrent les coudes durant la traversée et partagent leur vécu de la maladie: «Je ne supportais pas mes cicatrices. Ma mère, artiste peintre, m’a dessiné une rose que je me suis fait tatouer sur le sein, comme une façon de la sublimer.»
De son aventure, la Dre Stéphane Couty garde des souvenirs indélébiles: «J’ai des images plein la tête. Cela m’a confirmé à quel point la nature est belle et qu’il faut la protéger. Cela m’a aussi ouvert à de nouvelles amitiés et donné de nouvelles forces. Ma famille m’a beaucoup manqué. J’ai réalisé qu’il était inutile de courir le monde, mon bonheur était à terre, avec ceux que j’aime.» Forte de tout le soutien reçu, à la fois de son milieu professionnel et de ses proches, elle se réjouit que d’autres puissent accomplir leurs rêves grâce aux fonds récoltés par r’Ose Transat: «Sinon, le bonheur ne serait pas complet.»
1970 : Naissance à Paris.
1997 : Doctorat ès Sciences sur l’immunothérapie du cancer du côlon (Université de Lausanne).
1997-2001 : Post-doctorat sur la maladie des enfants de la lune (Université de Genève).
2000 : Adjointe scientifique à la Faculté de médecine de l’Université de Genève.
2013 : Secrétaire générale de la Fondation privée.
2019 : Traversée de l’Atlantique avec r’Ose Transat’.
Texte:
- Elodie Lavigne
Photos:
- François Wavre | lundi13