Symptôme fréquent, la constipation est évoquée lorsque le nombre de défécations est inférieur à trois par semaine. Parfois minimisée par les personnes qui en souffrent, elle doit pourtant être prise au sérieux en raison des troubles qu’elle peut occasionner (hémorroïdes, lésions intestinales ou encore occlusions intestinales). Les causes peuvent être liées à l’hygiène de vie ou à une maladie sous-jacente.
Le trajet de la digestion
- Prédigestion dans la bouche : la mastication et le travail de la salive pour décomposer et lubrifier les aliments amorcent la digestion.
- Décomposition par l’estomac : un broyage mécanique par les muscles de l’estomac associé à la dégradation chimique (mélange d’acides et d’enzymes) décompose les aliments. Le liquide obtenu passe dans l’intestin grêle.
- Digestion ultime par l’intestin grêle : la digestion se termine dans l’intestin grêle, grâce à la bile provenant de la vésicule biliaire et à une multitude d’enzymes. Les éléments nutritifs obtenus (acides aminés, acides gras, sucres, vitamines, etc.) diffusent vers l’organisme.
- Le côlon et le risque de constipation : à ce stade, il ne reste dans le côlon que de l’eau et des déchets (fibres alimentaires non assimilables par l’organisme et bactéries). Ceux-ci constituent les selles et sont voués à être éliminés. Une partie de l’eau présente est récupérée. C’est dans le côlon que la constipation peut se manifester.
Deux types de constipation
Elles diffèrent par leurs causes et les mécanismes en jeu.
- La constipation par inertie : les selles stagnent en divers endroits du côlon. La contraction automatique des muscles du côlon ne parvient pas à les faire descendre correctement vers le rectum.
- La constipation terminale : souvent liée à la perte du réflexe d’aller aux toilettes quand le besoin se fait sentir, la constipation terminale se produit lorsque les selles stagnent au niveau de l’ampoule rectale (partie basse du rectum), sans parvenir à être évacuées.
La position idéale aux toilettes
Au moment d’aller à la selle, miser sur une position physiologique en relevant légèrement les jambes, par le biais d’un petit bloc placé au sol pour poser les pieds par exemple. Cela facilite la défécation.
Zoom sur les selles
La carte de Bristol, référence des manuels de gastro-entérologie, répertorie les différents types de selles afin d’évaluer la qualité du transit intestinal et de mesurer l’efficacité des traitements proposés aux personnes souffrant de constipation. À noter que la norme se situe généralement entre les types 3 et 4.
Type 1 : Selles dures et morcelées (en billes) d’évacuation difficile.
Type 2 : Selles dures, moulées en saucisse et bosselées.
Type 3 : Selles dures, moulées en saucisse, à la surface craquelée.
Type 4 : Selles molles mais moulées en saucisse (ou serpentin).
Type 5 : Selles molles morcelées, à bords nets et d’évacuation facile.
Type 6 : Selles molles morcelées, à bords déchiquetés.
Type 7 : Selles totalement liquides.
Prévention
Les bons réflexes à adopter à titre préventif comme en cas de constipation avérée :
- Miser sur une alimentation riche en fibres (fruits, légumes, céréales complètes, etc.)
- Être à l’écoute du besoin d’aller à la selle
- Adopter une activité physique régulière
- Tenir compte des médicaments pouvant favoriser la constipation (neuroleptiques par exemple)
Dépistage
Si la constipation s’installe, en particulier dès 45 ans où elle peut être le signe d’une maladie sous-jacente (cancer du côlon par exemple), une consultation médicale s’impose. Les examens possibles :
- État des lieux de l’hygiène de vie et des traitements en cours
- Bilan sanguin pour mesurer notamment les hormones thyroïdiennes et le taux de calcium
- Coloscopie
- Examen de radiographie utilisant des marqueurs radio-opaques (visualisation de la zone concernée par la constipation)
Traitements
La prise en charge est définie au cas par cas. Elle repose sur :
- Modification de l’alimentation
- Laxatifs permettant au côlon de conserver une partie de l’eau
- Laxatifs favorisant la sécrétion d’eau
- Rééducation par manométrie (usage d’une sonde rectale et de capteurs)
5 à 20 %
La proportion de personnes souffrant de constipation
1.5 m
La longueur du côlon
Texte:
- Laetitia Grimaldi
Photos:
- Muti
Expert
Pr Jean-Louis Frossard, médecin-chef du Service de gastro-entérologie et hépatologie des HUG