Texte: 

  • Elodie Lavigne

Photos: 

  • Bogsch & Bacco

La culture pour redonner goût à la vie

Associer les soins à la culture pour lutter contre le suicide chez les jeunes, dans et en dehors de l’hôpital: voilà en substance le concept d’Artopie. Ce projet novateur, mis en place par les HUG et la Fondation Children Action, a pu voir le jour en 2018, grâce au soutien de la Fondation d’Harcourt. Il s’adresse aux adolescents suivis au sein de Malatavie Unité de crise et de l’Unité d’hospitalisation du Service de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent, mais également au grand public.

Pourquoi recourir à l’art? «À l’adolescence, la parole seule n’est pas si simple», soulève la Dre Anne Edan, responsable de Malatavie Unité de crise. La médiation culturelle offre des expériences de communication inédites, tout en étant pourvoyeuse de liens sociaux, que l’on sait très protecteurs: «C’est un excellent moyen d’exprimer ses émotions, de trouver du réconfort et de faire des découvertes dans un plaisir partagé», poursuit la spécialiste. L’art permet d’adopter un autre regard sur ce qu’on vit et de sortir de l’impasse.

«Avec Artopie, l’idée est d’élargir l’offre de médiations de soins que propose déjà Malatavie, avec l’écriture, la photographie, le dessin, la fiction, mais aussi de mettre en place des médiations avec la Cité en développant des collaborations avec des acteurs culturels multiples», explique Mélanie Varin, coordinatrice culturelle, engagée pour ce projet pilote grâce au financement de Children Action. En s’ouvrant ainsi sur la cité, Artopie cherche à briser les tabous et déstigmatiser le suicide. «Il n’est pas forcément lié à un trouble psychique, mais à une souffrance adolescente. Or, la souffrance n’est pas une maladie. Par ce biais, on espère toucher les adolescents à risque et qui n’ont jamais consulté», conclut la Dre Edan.

Plus d’informations sur Artopie

Témoignage

«Malatavie, un service extraordinaire qui nous a sauvé la vie»

JEANNE*, maman d’Antoine* (15 ans)
«Antoine dormait mal, il était malheureux, se sentait dépassé, s’enfermait et ne communiquait plus. Rapidement, le psychiatre que nous avons consulté en ville nous a dirigés vers Malatavie Unité de crise. Etant donné son état et ses idées noires, l’équipe soignante a proposé d’hospitaliser Antoine. Cela a été un choc. On croyait qu’on était une famille harmonieuse, que l’on était très proches de nos enfants, mais ce jour-là notre monde s’est écroulé. Pendant les premières 48 heures, nous n’avons pas eu de contact avec lui. Ce détachement complet fait baisser la pression, protège les jeunes des stress externes et des jugements. Dans un appartement accueillant qui ne ressemble en rien à un hôpital, ils se retrouvent durant deux à quatre semaines avec des adolescents avec qui ils peuvent partager leur expérience. Grâce à une équipe extrêmement généreuse et extraordinairement humaine, ils apprennent à verbaliser leurs émotions.

De mon côté, j’étais complètement perdue. Les Drs Anne Edan, Santiago Peregalli et Nihed Boughanem-Vallotton m’ont beaucoup aidée. Ils sont à la fois très professionnels et très humains. Grâce à leur soutien, j’ai appris à être à l’écoute, sans juger, et à redonner à mon fils une énergie positive, mais aussi à le laisser tranquille. Je ne trouve pas les mots pour exprimer ma reconnaissance.»

* Prénom d’emprunt.

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