Les cancers sont des maladies génétiques, car ils résultent d’une atteinte de certains gènes dans les cellules tumorales.
Quelles en sont les causes? La plupart restent inconnues, mais l’âge, le mode de vie (tabac, alcool, etc.) et l’exposition à des agents externes (rayons UV, rayons X, produits chimiques, etc.) «abîment» l’ADN et provoquent les mutations liées aux cancers. «Ces mutations sont dites somatiques, car elles sont acquises au cours de la vie, s’accumulent et sont seulement observées dans les cellules cancéreuses. Il existe aussi des mutations constitutionnelles, inscrites dans notre patrimoine génétique et donc transmissibles d’une génération à l’autre, qui confèrent un haut risque de développer certaines tumeurs malignes. Ces mutations sont impliquées dans 5 à 10% de tous les cancers», relève le Pr Pierre Chappuis, médecin adjoint agrégé, responsable de l’Unité d’oncogénétique et de prévention des cancers.
Pour les formes dites héréditaires, cette unité propose une prise en charge sous forme d’un conseil génétique spécialisé. Il s’adresse aux familles dans lesquelles la maladie est fréquente, survenue à un jeune âge ou sur plusieurs générations. Les cancers du sein, de l’ovaire et du côlon sont les plus concernés. Aux HUG, quelque 400 nouvelles personnes consultent chaque année. Pour plus de 60 % d’entre elles, une analyse génétique est finalement proposée. «Les résultats sont expliqués en détail, ainsi que l’opportunité d’en informer les membres de la famille et les mesures de surveillance et de prévention recommandées», indique l’oncogénéticien.
Aujourd’hui, grâce aux séquenceurs à haut débit, on peut identifier les mutations dans plus de 400 gènes impliqués dans les cancers et extraire une masse de données génétiques directement de la tumeur. Elles sont décryptées lors d’un colloque pluridisciplinaire hebdomadaire (tumor board moléculaire) par des experts en pathologie moléculaire, oncologie, oncogénétique et bioinformatique.
«Cette nouvelle approche vise à prescrire un traitement personnalisé sur la base des caractéristiques génétiques du cancer», précise le Pr Chappuis. Elle s’adresse en priorité aux personnes qui ont épuisé les traitements standards (chirurgie, chimiothérapie, hormonothérapie, radiothérapie, immunothérapie). Depuis septembre 2016, quelque 300 cas ont été discutés au tumor board moléculaire et 10 % ont bénéficié d’un traitement personnalisé.
Dossier génomique
Texte:
- Giuseppe Costa
Photos:
- Bogsch & Bacco