Forme de démence la plus fréquente, la maladie d’Alzheimer concernerait plus de 150 000 personnes en Suisse*. Même si elle est aujourd’hui incurable, la perspective de nouveaux traitements suscite des espoirs inédits. Une prise en charge précoce demeure essentielle pour la personne concernée et ses proches.
Ce qui se passe dans le cerveau
Progressivement, deux types d’anomalies se manifestent dans le cerveau et perturbent son fonctionnement : le développement de plaques séniles (amas d’une molécule toxique appelée peptide béta-amyloïde) autour des neurones et, à l’intérieur de ces derniers, l’accumulation d’agrégats de molécules elles aussi toxiques (protéine tau hyperphosphorylée), entraînant la mort de neurones et la perte des synapses (dégénérescence neurofibrillaire).
* En comptant les formes apparentées comme la maladie à corps de Lewy.
66 %
La proportion de femmes parmi les personnes atteintes par la maladie d’Alzheimer.
1/2
La proportion de personnes concernées n’ayant pas reçu de diagnostic formel.
Facteurs de risque
Plusieurs situations exposent à un risque accru de développer la maladie : facteurs génétiques, hypertension artérielle, diabète, obésité, dépression, perte de l’ouïe ou encore traumatismes crâniens.
Atteintes diffuses
Différentes zones du cerveau sont touchées et s’atrophient, notamment l’hippocampe (impliqué dans la mémorisation) et le cortex (récupération des souvenirs, langage, traitement des informations, orientation dans l’espace, organisation des tâches).
Signes à surveiller
Plusieurs troubles cognitifs sont caractéristiques et doivent inciter à consulter s’ils sont fréquents et s’accentuent au fil des mois :
- absence totale de souvenirs récents (jours précédents par ex.)
- perte de repères dans des lieux connus
- pertes ou oublis inhabituels d’objets utilisés au quotidien
- difficulté nouvelle pour des tâches administratives ou de calcul.
Une évolution en trois temps
La progression de la maladie d’Alzheimer est lente, mais lorsque les oublis apparaissent, les lésions sont déjà nombreuses. Zoom sur la progression d’amas de protéine tau hyperphosphorylée.
- Phase dite « de risque » : Environ quinze ans. Les molécules toxiques s’installent progressivement sans engendrer de symptômes perceptibles.
- Troubles sans impact sur l’autonomie : Environ un à trois ans. De plus en plus de troubles cognitifs se manifestent, mais la vie quotidienne est maintenue sans besoin d’aide extérieure.
- Troubles avec impact sur l’autonomie : Environ quinze ans. Les troubles cognitifs deviennent si sévères que des aides sont de plus en plus nécessaires au quotidien.
Prévention
Dès le plus jeune âge, les piliers de l’hygiène de vie bénéfiques au cerveau allient notamment :
- alimentation saine et équilibrée de type méditerranéen
- activité physique régulière et d’intensité modérée (marche, vélo, natation, etc.)
- vie sociale et relationnelle épanouissante
- arrêt des substances toxiques (alcool, tabac, drogues).
Diagnostic
En cas de doute, un bilan composé de plusieurs examens confirme, ou non, la présence de la maladie :
- tests neuropsychologiques
- imagerie par IRM
- ponction lombaire
- imagerie par PET-scan
- tests sanguins (d’ici quelques années).
Traitements
La prise en charge de la maladie d’Alzheimer en ralentit l’évolution et améliore la qualité de vie des personnes concernées et de leurs proches.
Pharmacologiques
- Actuels : donépézil, rivastigmine, mémantine. Ils retardent la progression de la maladie de six à douze mois.
- À venir : anticorps monoclonaux antiamyloïde. Déjà prescrits dans certains pays, ils freinent la maladie sur le long terme.
Non pharmacologiques
- Entraînement cognitif : il vise à soutenir le ou la patiente par le biais de stratégies personnalisées.
- Psychoéducation des proches : elle permet d’apprendre aux proches à gérer leurs émotions et réactions, ainsi que celles, parfois extrêmes, de la personne malade.
Texte:
- Laetitia Grimaldi
Photos:
- Muti