Texte: 

  • Geneviève Ruiz

Photos: 

  • Hervé Annen

« La maladie n’est qu’un aspect de mon identité »

Catherine Menoud vit depuis plus de dix ans avec la maladie de Parkinson. Sa passion pour le sport, les activités artistiques et la spiritualité lui permettent de conserver une belle qualité de vie.

C'est avec l’extrait d’un poème qu’elle a composé avec son cœur que Catherine Menoud évoque la maladie de Parkinson :

«Comme une tache d’huile,
Elle cherche à s’étaler,
Croyant gagner du temps,
Pour étendre son champ.

Comme une amie,
Je la regarde,
Et me prends à l’aimer,
Par tout ce que j’ai gagné.»

Ce poème, elle l’a récité à l’occasion de l’événement organisé aux HUG pour la Journée mondiale de la maladie de Parkinson le 11 avril dernier, devant un parterre composé de neurologues, de professionnelles et professionnels de la santé, de patientes et patients. «Vanessa Fleury, la médecin responsable de l’Unité des troubles du mouvement aux HUG qui me suit depuis plusieurs années m’a proposé d’intervenir à cette occasion. Ces vers me sont alors venus spontanément. Je souhaitais aussi contrebalancer l’approche scientifique et rationnelle avec laquelle la maladie est souvent abordée », raconte Catherine Menoud.

Chercher les thérapies adéquates

Plusieurs personnes concernées ont été bouleversées par son poème, certaines lui confiant qu’il leur redonnait de l’espoir. «Nous avons eu de riches échanges sur nos cheminements et sur l’acceptation de la maladie», raconte la sexagénaire, qui tient cependant à rester humble. «Je n’ai de leçon à donner à personne. J’ai de la chance, car ma maladie progresse lentement. Mon caractère volontaire m’aide à y faire face», poursuit-elle.

Catherine Menoud est diagnostiquée en 2010, à l’âge de 47 ans, suite à des sensations de tremblement dans sa main gauche. Cela a représenté un choc pour cette assistante pastorale en paroisse. Mais elle s’est rapidement mobilisée pour limiter l’impact de la maladie sur sa vie. «J’ai persévéré jusqu’à ce que je trouve le traitement qui me convienne et ne me cause pas trop d’effets secondaires. J’ai aussi cherché des thérapeutes pouvant me soutenir dans les médecines complémentaires.» Elle s’essaie ainsi à l’acupuncture, à l’ostéopathie et à des massages.

Découverte de la varappe

Catherine Menoud tente également de conserver son style de vie autant qu’elle le peut pour ne pas se laisser enfermer dans la maladie. «Ce n’est qu’un aspect de mon identité, il y en a beaucoup d’autres. Je n’ai par exemple pas cessé de m’impliquer dans mon travail d’assistante pastorale et j’ai suivi plusieurs formations continues passionnantes.» Adepte de cyclisme depuis toujours, celle qui est originaire de la campagne fribourgeoise et qui participait à des compétitions durant sa jeunesse, continue de se déplacer à deux-roues, tant pour ses loisirs que pour son travail. Elle pratique également la marche, la natation et, depuis récemment, un peu de varappe : «C’est merveilleux d'approcher ce sport, dont on pourrait penser qu’il ne convient pas à des personnes avec la maladie de Parkinson, car il mélange dextérité fine, force et concentration. Cela représente un beau défi pour moi.»

Catherine Menoud considère que sa pratique sportive est essentielle pour conserver son bien-être mental et ralentir la progression de la maladie. Elle s’adonne aussi à la peinture, à l’écriture et rénove de vieux objets : «J’aime bricoler et créer de manière générale, cela me ressource. Pour moi, beauté et spiritualité sont liées.» Alors que la perspective de sa retraite approche, Catherine Menoud réfléchit à de nouveaux projets, entre Genève et Fribourg, entre art et sport, mais toujours teintés d’humanité et de spiritualité. Ses quatre frères et sœurs, ainsi que ses nombreux neveux et nièces représentent un soutien fondamental : « Nous verrons ce que l’évolution de ma maladie me permettra de faire. En attendant, je préfère me focaliser sur le présent et maintenir mon espoir bien vivant. »

Maladie de Parkinson

Elle touche plus de 15 000 personnes en Suisse. Elle provoque la perte progressive des neurones produisant la dopamine dans le cerveau, ce qui entraîne divers troubles comme le ralentissement des mouvements, les tremblements, le manque de motivation, des symptômes anxiodépressifs ou encore des troubles du sommeil. Aucun traitement curatif n’existe à ce jour, mais de nombreux médicaments compensent les symptômes. La recherche est très active et plusieurs traitements neuroprotecteurs sont en cours d’évaluation.

Texte: 

  • Geneviève Ruiz

Photos: 

  • Hervé Annen
Partager
En savoir plus

Mots clés: 

Autres articles