Texte: 

  • André Koller

Photos: 

  • François Wavre | lundi13

La radiothérapie en pleine (r)évolution

Grâce aux avancées en oncologie, la radiothérapie s’affirme comme une arme indispensable de l’arsenal thérapeutique.

En septembre 2019, la Pre Pelagia Tsoutsou a pris la tête du Service de radio-oncologie des HUG. Sensible à la dimension humaine des soins autant qu’à l’innovation, elle a apporté une vision à long terme sur plusieurs niveaux. En clinique, elle s’est concentrée sur la coordination des différents corps de métier. Effort indispensable, dit-elle, pour optimiser une prise en charge essentiellement pluridisciplinaire. À un autre échelon, elle s’efforce de parfaire l’intégration de son service au Département d’oncologie et au Centre des cancers. Et au-delà des HUG, elle a tissé un réseau latin d’expertises en sénologie, sa discipline de prédilection. Ses axes de recherche explorent l’intégration de la radio-oncologie à l’oncologie moderne et les nouveaux rôles de sa discipline.

Pulsations : Pouvez-vous définir simplement la radiothérapie ?
Pre Pelagia Tsoutsou : La radiothérapie utilise des rayons ionisants pour traiter les cancers, mais aussi quelques maladies bénignes. Elle repose sur un principe simple : les cellules malades sont davantage vulnérables aux rayons. Nous pouvons donc les éliminer tout en préservant les tissus sains.

Quand est-elle indiquée ?
De façon classique, pour un cancer sans métastases. Elle prépare, renforce, voire remplace une chirurgie lorsque celle-ci est impossible ou non désirable. Depuis quelques années, on l’utilise également dans le traitement de cancers métastatiques : l’irradiation ablative pourrait prolonger la survie des patients en synergie avec les chimiothérapies et l’immunothérapie. Une nouvelle voie dont je souhaite explorer le potentiel.

La radio-oncologie suscite encore une crainte diffuse. Pourquoi ?
Il y a une vingtaine d’années, on ne disposait pas de l’imagerie médicale nécessaire pour cibler les tumeurs avec précision. Et on ne pouvait ni délivrer finement les rayons, ni épargner les tissus sains. Cette époque est révolue. Aujourd’hui, les rayons sont délivrés avec toute la précision requise pour être efficaces et bien tolérés. Souvent en moins de séances. C’est une vraie révolution.

Quelle était votre priorité en reprenant le Service de radio-oncologie ?
La qualité de la prise en charge. Garantir un traitement optimal, en tenant compte des besoins humains des patients, tels que l’écoute. Médecins, physiciens, techniciens en radiologie médicale, infirmières spécialisées, nutritionnistes, ainsi que notre équipe administrative : nous contribuons tous à cet objectif. Une coordination parfaite est essentielle, dans le but de consacrer toute notre énergie et notre intelligence aux patients. Je suis heureuse de pouvoir compter sur des professionnels engagés et compétents.

Quels sont les autres axes de votre vision ?
Il est important de créer des collaborations romandes, voire nationales, dans le domaine de la recherche clinique. Ma spécialité – et ma passion – étant la sénologie, j’ai mis sur pied, en 2017, un réseau romand et tessinois dans cette discipline. L’idée est d’harmoniser les pratiques, d’échanger sur les cas difficiles et de partager les projets de recherche. On ne peut avancer qu’à travers les synergies et les collaborations.

La recherche occupe donc une place importante ?
Très importante. C’est à travers la recherche que l’on rend l’innovation accessible au patient. L’évolution de l’oncologie crée de nouveaux rôles pour la radiothérapie, comme son effet immunostimulant que nous souhaitons explorer davantage. Une radio-oncologie personnalisée, adaptée au profil biologique de la tumeur et du patient, est également une piste passionnante.

Vous disposez d’un plateau technique assez unique en Suisse romande…
Absolument. Nous proposons toute la palette des techniques radiothérapeutiques modernes. Si je reprends ma spécialité, la sénologie, nous réalisons des traitements peu disponibles ailleurs, comme la radiothérapie intra-opératoire et l’hyperthermie. Mais les appareils ne sont que des outils. L’essentiel, c’est l’expertise indispensable pour bien les utiliser. Celle de notre équipe, liée à notre mission universitaire, nous permet de mettre l’innovation à disposition de nos partenaires publics et privés et, surtout, de nos patients.

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