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A la recherche du risque zéro

Du donneur au receveur, les produits sanguins suivent un parcours hautement sécurisé.

Transparence. Traçabilité. Maîtrise.

Ces trois maîtres mots guident toute l’activité du centre de transfusion sanguine (CTS) des HUG. Car le sang est un médicament. Et à ce titre, il obéit aux mêmes normes de qualité que l’industrie pharmaceutique. Par conséquent, rien n’est laissé au hasard. La chaîne de production est soumise de A à Z à une réglementation fédérale stricte édictée par Transfusion CRS Suisse, l’organe faîtier de la médecine transfusionnelle. Coralie Lemoine, adjointe scientifique et responsable qualité du CTS, confirme : « Nos collaborateurs reçoivent une formation spéciale. Leurs activités sont décrites dans des modes opératoires précis. Nous testons le matériel selon nos propres critères de qualité. Les températures des produits sanguins sont surveillées durant toute leur durée de vie. Et pour contrôler le tout, nous avons mis en place plusieurs systèmes de vigilance

Barrières de sécurité

Le premier bénéficiaire des mesures de sécurité est le donneur lui-même. Grâce à un prélèvement capillaire préalable, les infirmières excluent ceux qui ne possèdent pas assez d’hémoglobine dans le corps. De cette façon, tout risque d’anémie est écarté. Cette première barrière franchie avec succès, arrive le tête-à-tête confidentiel avec une infirmière du centre. Là, il faut répondre en toute honnêteté à dix-neuf questions, dont certaines sur les comportements à risques : prise de drogue, partenaires et pratiques sexuelles, et d’autres sur les voyages réalisés. « Selon les réponses apportées, nous prescrivons des analyses complémentaires afin d’établir l’éligibilité au don. C’est une étape importante de la sélection », souligne Coralie Lemoine. Dans les premiers instants du prélèvement, le sang coule dans des tubes destinés aux laboratoires. Chaque don est analysé pour exclure toute forme de contamination (virus HIV, l’hépatite A, B et C, Syphilis et parvovirus B19, etc.). Sans oublier l’établissement des groupes rhésus. « Les risques sont parfaitement maîtrisés », insiste l’adjointe scientifique du CTS.

Mise à disposition

Une fois prélevé, le sang est envoyé à la production qui le sépare en ses différents composants: globules rouges, plasma et plaquettes. Chaque étape de production est gérée en fonction de normes précises. A la moindre anomalie pouvant induire un risque pour la qualité, le produit sanguin est déclaré impropre à la transfusion. S’il franchit avec succès toutes les barrières de sécurité, il est libéré. « C’est la dernière étape. Tous les résultats sont contrôlés. Lorsqu’ils sont conformes, une étiquette est apposée sur la poche de sang. Ce précieux produit est désormais à la disposition des receveurs », indique Coralie Lemoine.

Traçabilité et audits

L’anonymat des donneurs et la traçabilité des produits sont garantis par le logiciel Inlog. Cette plateforme informatique regroupe l’ensemble des données relatives à un produit sanguin. Et elle est employée par tous les acteurs de la chaîne, des producteurs aux utilisateurs, afin que tous puissent en tout temps identifier les produits. Swissmedic, l’autorité suisse de contrôle des produits thérapeutiques, délivre au CTS une autorisation d’exploitation et réalise un audit très strict tous les deux ans. Le CTS est également titulaire d’une accréditation ISO 15189. « Nous bénéficions de ce label depuis 2003 », se réjouit Coralie Lemoine.

Coraline Lemoine

Coralie Lemoine examine une poche impropre à la transfusion, marquée « XX »

Double sécurité avec l’hémovigilance

Si les barrières de sécurité sont nombreuses en amont de la transfusion, elles existent aussi en aval. Du côté des receveurs, la législation fédérale impose un système de contrôle appelé hémovigilance. « Notre rôle est d’intervenir dès qu’un patient fait une réaction anormale après une transfusion. Dans ce cas, avant toute autre action, nous bloquons tous les produits issus des dons utilisés. Dans un second temps, nous investiguons afin de comprendre les causes du problème et éviter que cela ne se reproduise », explique la Dre Loredana Pizzi-Bosman, cheffe de clinique responsable de l’hémovigilance.

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