Régénérer un tissu articulaire endommagé ? Un défi qui peut désormais être relevé grâce à l’implantation de cellules prélevées chez le ou la patiente. Une technique prometteuse actuellement expérimentée aux HUG.
Avec l’âge ou suite à des traumatismes, le cartilage articulaire du genou peut se retrouver durablement lésé. À terme, ces blessures non traitées peuvent évoluer vers de l’arthrose, qui se caractérise par une dégénérescence progressive du cartilage. Depuis 2022, un essai clinique permet aux personnes touchées de bénéficier d’une solution innovante : la régénération de cartilage articulaire.
Première étape, le prélèvement de cellules cartilagineuses au niveau de la zone à traiter ou d’une zone non sollicitée. Cette opération ne dure qu’une dizaine de minutes, à l’issue de laquelle la biopsie est envoyée en laboratoire. Les cellules y sont mises en culture pour être multipliées et transformées en mini greffons de cartilage sous forme de billes d’un millimètre cube environ : les « Cartibeads ». « Même en utilisant le cartilage d’origine d’une personne de 80 ans présentant une articulation arthrosique, nous parvenons à produire du cartilage assez semblable à celui d’un genou en bonne santé », explique le Dr Philippe Tscholl, médecin adjoint au Service de chirurgie orthopédique et traumatologie de l’appareil moteur.
La dernière étape, deux mois environ après la mise en culture des cellules de cartilage, est la transplantation. Les « Cartibeads » sont implantées au niveau de la lésion, dont le cartilage endommagé a été préalablement enlevé. « Ce système de billes est révolutionnaire : en fusionnant, elles comblent la zone et favorisent la régénération du cartilage », détaille le Dr Tscholl.
Un essai clinique sur deux ans
À ce jour, la procédure, autorisée par Swissmedic pour dix interventions, a déjà bénéficié à quatre personnes. Parmi elles, Geoffray, 36 ans, dont le cartilage était endommagé suite à une chute à ski : « J’ai accepté en toute confiance de bénéficier de ce traitement expérimental et je n’ai pas de regret. Sept semaines après l’opération et après plusieurs séances de rééducation, j’ai repris une activité physique intense. Je n’ai aujourd’hui plus de douleur. »
Pour Geoffray, comme pour les autres personnes participant à l’essai, les résultats obtenus sont très encourageants. « Pour l’instant, nous avons proposé cette thérapie pour des lésions de cartilage localisées suite à un accident. Mais l’objectif final serait de l’étendre à des cas d’arthrose localisée, ce qui constituerait une avancée considérable pour cette maladie. »
Texte:
- Clémentine Fitaire
Photos:
- ZIAD M. EL-ZAATARI/SCIENCE PHOTO LIBRARY