Malvina Vermot Desroches consacre deux après-midi par semaine à des patients et patientes de l’Hôpital des Trois-Chêne. Elle n’échangerait pour rien au monde ces précieux instants.
«J’accompagne depuis deux ans des personnes en soins palliatifs», raconte Malvina Vermot Desroches, bénévole aux HUG et acupunctrice. Et d’ajouter : «Je tiens à souligner que je suis moi-même très bien accompagnée par les HUG pour accomplir cette tâche.» C’est durant la pandémie que cette dynamique quadragénaire a postulé en tant que bénévole à l’hôpital. Elle souhaitait faire quelque chose pour les personnes souffrant de solitude. «J’ai grandi avec mon arrière-grand-mère et ma grand-mère, et je considère avoir eu beaucoup de chance de tisser ces liens intergénérationnels. Je voulais rendre un peu de ce que j’avais reçu.»
Après un entretien, Malvina Vermot Desroches a bénéficié d’une formation. «C’était intéressant. Il y avait beaucoup d’intervenants et d’intervenantes de différents domaines, comme la psychologie, la spiritualité, les troubles neurocognitifs, l’oncologie ou encore la sécurité à l’hôpital. Nous avons acquis des outils pour adopter une posture d’écoute non jugeante tout en nous préservant face à des situations difficiles.» Intégrée dans l’équipe soignante de l’Hôpital des Trois-Chêne, Malvina Vermot Desroches s’est sentie bien accueillie. «Le personnel soignant est content que je passe du temps de qualité avec les patients et patientes. Il m’informe aussi des événements liés au service ou des restrictions pour certaines visites.»
Comprendre les besoins de la personne
Concrètement, la bénévole effectue une «tournée» durant deux heures. «Lorsque j’entre dans une chambre, j’observe. J’essaie de comprendre ce dont la personne a besoin. Sa posture, son expression ou un bouquet de fleurs sur sa table de nuit peuvent me donner des indices sur son humeur, le niveau de douleur ressenti, etc. Parfois, nous écoutons un morceau de musique. Nous pouvons nous rendre au jardin ou à la cafétéria pour bavarder. Certaines personnes parlent de littérature, me racontent leurs souvenirs ou leurs projets. D’autres préfèrent passer un moment en silence. Un regard, une main tendue suffisent. Je suis juste là pour leur apporter de l’apaisement. Parfois, un peu de bonheur.»
La plupart des personnes sont âgées ou en fin de vie. Certaines n’ont plus de famille et se sentent seules. «Elles séjournent parfois plusieurs mois à l’hôpital et n’ont de relations qu’avec le personnel soignant. Ma présence est “hors cadre” : nous pouvons parler d’autre chose que de leur maladie. Je ne fais pas partie du système de soin, nous avons plus de liberté. C’est un moment d’exception.»
Malvina Vermot Desroches chérit ces instants privilégiés où ces personnes lui confient des histoires de vie fascinantes et des souvenirs d’autres époques. «Je connais désormais diverses anecdotes sur l’histoire de Genève», plaisante-t-elle. Elle n’échangerait pour rien au monde ces temps à part. Ils l’enrichissent tant d’un point de vue humain que de sa connaissance du système de soin. «Il m’arrive en effet d’orienter les personnes vers certains services de l’hôpital lorsqu’elles en ont besoin. Il y a par exemple cette dame qui n’ose pas dire à la diététicienne qu’elle ne mange pas les plats en sauce, ce monsieur dont les appareils acoustiques sont déficients, cette autre personne qui a besoin de soutien administratif.»
Le rôle essentiel du groupe de parole
Si Malvina Vermot Desroches assure passer beaucoup de moments joyeux à l’hôpital, il y en a forcément d’autres, marqués par la souffrance. «Je suis parfois confrontée à de la colère, des rancunes familiales, des tensions avec le personnel soignant…» Pour gérer ces situations, elle apprécie le groupe de parole des bénévoles auquel elle participe tous les mois. «Nous pouvons y exprimer nos ressentis, prendre du recul. Cet accompagnement est essentiel.»
Malvina Vermot Desroches, bénévole aux HUG et acupunctrice
Formation flexible : la quarantaine de bénévoles des HUG bénéficie d’une formation spécifique avant de débuter le travail auprès des patients et patientes. Le groupe y aborde la posture du bénévole – qui se veut responsable et inclusive –, la communication empathique, la prévention des transmissions microbiennes ou la sensibilisation à la violence. Développée par le Centre de développement de compétences des HUG en collaboration avec une équipe d’experts et d’expertes, cette formation peut être suivie module par module, pour davantage de flexibilité.
Texte:
- Geneviève Ruiz
Photos:
- Hervé Annen