Il arrive que la douleur au dos soit si forte qu’elle mène aux urgences. Après une première prise en charge, un séjour au Service de médecine interne et réhabilitation (SMIR) Beau-Séjour est parfois envisagé. «Ces patientes et patients, âgés entre 30 et 60 ans, n’en sont souvent pas à leur premier épisode, mais jusque-là, rien n’a pu les soulager. L’objectif de ce court séjour est d’améliorer leur possibilité de mouvement», explique la Dre Eliana Hanna Deschamps, médecin adjointe au SMIR Beau-Séjour. Un processus de soin standardisé est en passe d’être mis en place pour stimuler le ou la patiente et ne pas relayer les fausses croyances. Le personnel soignant est sensibilisé aux doutes que pourraient exprimer les malades, notamment par rapport à leur crainte de bouger. Les mots choisis sont importants, notamment en éducation thérapeutique, où des informations sur le fonctionnement et la solidité du dos sont données. «C’est une zone riche en muscles, qu’il s’agit de détendre et d’activer pour améliorer la souplesse et la coordination», explique le Pr Stéphane Genevay, médecin adjoint au Service de rhumatologie. C’est donc au prix d’une remobilisation physique qu’il est possible de faire face au dérèglement musculaire, à l’origine de la douleur.
Focaliser sur les progrès
Une certitude : l’immobilisation retarde le rétablissement. «Nous commençons par adapter l’antalgie pour que les personnes puissent se mobiliser au quotidien et s’engager dans une physiothérapie active», poursuit la Dre Hanna Deschamps. Durant la journée, les personnes sont encouragées à se lever, à s’asseoir, à prendre les escaliers, à effectuer de petits exercices pour se remettre en mouvement. Un planning avec des objectifs leur sera donné pour y inscrire jour après jour les progrès accomplis : «C’est une manière de les aider à prendre conscience du chemin parcouru et d’éviter qu’elles ne se focalisent sur la douleur.» Enfin, pour que cette prise en charge puisse porter ses fruits à plus long terme, un plan de traitement (physiothérapie en ambulatoire, par exemple) est proposé afin que la personne puisse envisager sereinement sa sortie. Lorsque le contexte psychosocial est difficile, la personne est référée à un ou une spécialiste en rhumatologie pour réduire le risque de chronicité.
« J’ai terminé le programme en n’ayant plus aucune douleur »
« Mes maux de dos ont débuté au printemps 2021, sans explication. Mon médecin généraliste m’a mis en arrêt de travail et m’a déconseillé le port de charges. J’ai passé un scanner qui n’a rien révélé d’anormal, à part un début de discopathie (dégénérescence des disques intervertébraux). Dix-huit séances de physiothérapie n’ont pas eu d’effet. J’ai demandé à intégrer le programme Promidos des HUG. Avant de pouvoir être admis, j’ai dû passer de nouveaux examens d’imagerie et refaire un traitement de physiothérapie au Service de rhumatologie. Mais les douleurs sont restées… inexpliquées.
Promidos m’a permis de mieux comprendre le fonctionnement de la douleur et de regarder mon problème sous un angle totalement nouveau. Infirmier de profession, je pensais tout savoir sur le mal de dos, mais ce n’était pas le cas. En assistant aux cours, j’ai compris que mon dos n’était ni fragile, ni abîmé. Grâce à la physiothérapie et à l’ergothérapie, j’ai expérimenté à nouveau, et sans crainte, les mouvements du quotidien. J’ai terminé le programme en n’ayant plus aucune douleur ! Alors que quelques mois plus tôt, suite à un arrêt de travail prolongé, l’assurance invalidité avait pris contact avec moi. Aujourd’hui, je travaille à 100 %. Si mon mal de dos revient, je sais désormais quoi faire. »
Maurice, 33 ans
« Nous commençons par adapter l’antalgie pour que les personnes puissent se mobiliser au quotidien »
Dre Eliana HANNA DESCHAMPS, médecin adjointe au SMIR Beau-Séjour
Dossier prendre soin de son dos
Texte:
- Elodie Lavigne
Photos:
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