Texte: 

  • Anna Bonvin

Photos: 

  • Fred Merz | lundi13

Le parcours sans tache d’une blouse blanche

Et si les HUG manquaient de linge propre ? Impensable, car le Service de traitement et distribution du linge veille au grain. Plongée dans cette blanchisserie XXL sans laquelle l’hôpital serait dans de beaux draps.

Selon plusieurs études, la blouse blanche portée par le corps médical serait pour les patients et patientes un gage de compétence et de fiabilité. Un effet rassurant qui se dissiperait pourtant bien vite si, au lieu du blanc immaculé, la blouse était d’un beige douteux. Si le personnel médico-soignant des HUG ne s’est jamais confronté à cette situation, c’est grâce aux offices d’un service aussi essentiel que méconnu : le Service de traitement et distribution du linge (STDL). Sa mission ? Traiter quelque 90 tonnes de linge hospitalier par semaine en assurant une qualité d’hygiène irréprochable ainsi qu’un approvisionnement régulier et fiable. « Le textile est une matière difficile à traiter par des machines et celles que nous utilisons sont complexes. Il survient tous les jours des imprévus, mais l’hôpital n’a jamais manqué de linge », explique Ludovic Gauthier, assistant responsable de la maintenance.

Un rythme de travail effréné

Pour découvrir ce « service de l’ombre », il faut se rendre sur le site de Belle-Idée, dans l’une des plus grandes blanchisseries publiques de Suisse : la Centrale de traitement du linge (CTL). Alors que nous atteignons cette bâtisse à deux niveaux où travaillent 73 personnes sur les 114 que compte le service*, un camion s’apprête à décharger sa cargaison de linge sale.

Puis, tout va très vite. Premier arrêt : secteur du tri. Draps, blouses, chiffons… le linge est empoigné à bout de bras et classé par catégories dans un rythme de travail soutenu. « Les collaborateurs et collaboratrices du service ont beaucoup de mérite. Leur tâche est très physique et comporte certains risques, dont celui de se piquer avec une aiguille usagée oubliée dans une poche. La personne concernée doit alors suivre une trithérapie préventive. Heureusement, grâce aux campagnes d’information auprès du personnel médico-soignant, les accidents sont rares (un cas par an) », souligne Yoann Lemieux, chef du STDL.

* Le service comprend également une petite blanchisserie artisanale, où est traité le linge délicat et privé, sur le site de Loëx (qui compte neuf employés) ainsi qu’un service de distribution sur les différents sites des HUG (32 personnes).

Triage du linge sale

Le linge sale est trié par catégories avant d’être conduit au tunnel de lavage.

30 minutes pour un lavage irréprochable

Prochaine étape : lavage et désinfection, assurés par deux tunnels de 15 mètres de long traitant quelque 2,4 tonnes de linge par heure. « Ce rendement est obtenu par un savant équilibre entre la température de lavage, les produits chimiques, la force mécanique des machines et le temps de contact. Tout linge hospitalier étant considéré comme potentiellement contaminé, les produits que nous utilisons sont donc fongicides, virucides et bactéricides », détaille Yoann Lemieux. En trente minutes, le linge est entièrement traité, désinfecté et essoré.

Photo du secteur des finitions

Mise sur cintre manuelle des vêtements propres par le personnel du secteur « finitions ».

Automatiser pour réduire la pénibilité

Les textiles poursuivent ensuite leur folle course, direction le secteur « finitions ». Au fond de la grande salle vitrée, difficile de manquer l’étrange ballet de milliers de vêtements qui, suspendus à un rail au plafond, dansent au-dessus des têtes de cinq collaboratrices. Le rôle de ces dernières ? La mise sur cintre manuelle des habits. Là encore, cela va vite : 11 500 vêtements accrochés par jour. Une activité répétitive et fatigante, comme de nombreux postes à la Centrale. « Nous réfléchissons toujours à la façon de réduire la pénibilité du travail. Le personnel occupe chaque semaine un poste différent et les équipements sont pensés de manière ergonomique et adaptables lorsque cela est possible. Enfin, les tâches les plus difficiles sont automatisées », poursuit Yoann Lemieux. Car la technologie ne cesse d’optimiser l’activité de la blanchisserie, comme en témoigne un autre poste du secteur où le reste du linge – draps, alèses, etc. – est bruyamment avalé par deux machines, les calandres, d’où il ressort séché, repassé, plié et empilé.

Linge propre plié et empilé

Le linge propre, plié et empilé, est stocké dans des armoires en vue de son acheminement vers les sites hospitaliers.

Une qualité irréprochable

La ronde de vêtements au plafond est quant à elle convoyée vers un tunnel de séchage et défroissage, puis stockée en vue de sa distribution. Celle-ci est optimisée par un système de puces insérées dans les vêtements, permettant de connaître la « consommation » des services en temps réel. Mais pas question de rejoindre l’ultime étape de répartition des commandes sans un dernier contrôle auprès de Georgina Richard et son regard perçant. « Mon rôle est de vérifier la qualité des vêtements nettoyés », explique l’employée de buanderie alors que les pièces défilent devant son visage. « Je travaille ici depuis 22 ans, c’est dire si j’ai l’œil ! Défaut de couture, bouton manquant, vêtement froissé… je suis sûrement trop maniaque, mais je ne laisse rien passer ! », admet-elle en riant.

Secteur couture pour réparer les vêtements endommagés

Au secteur « couture », les vêtements endommagés sont réparés.

Photo du carrousel à vêtement

Le carrousel à vêtements Opéra, sur le site Cluse-Roseraie, où le personnel hospitalier se fournit en vêtements propres.

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  • Anna Bonvin

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